Un demi-milliard d'épargne salariale perdue à cause d'un mauvais investissement dans une entreprise de soins de santé défaillante
Télécharger pdf
Le nouveau rapport CICTAR révèle que la décision de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) d'investir dans le groupe de soins ORPEA, qui s'est effondré à la suite d'un scandale majeur, a entraîné des pertes énormes et soulève de sérieuses questions sur l'investissement des pensions des travailleurs.euses dans le secteur privatisé des soins.
L'effondrement de l'empire commercial du groupe ORPEA, suivi du renflouement par le gouvernement français, a plongé dans une misère indicible les résident.e.s des maisons de retraite de toute l'Europe, leurs familles et les travailleurs.euses qui s'efforçaient de s'occuper d'eux/d’elles.
Alors que le scandale ORPEA a fait la une des journaux en France, cette débâcle a reçu étonnamment peu d'attention médiatique et politique au Canada, bien que le principal fonds de pension par défaut géré par l'État ait perdu plus d'un demi-milliard de dollars d'épargne-retraite des travailleurs.euses.
Bien qu'il fasse fi de ses politiques d'investissement responsable, en mettant l'accent sur la transparence et la responsabilité, l'OIRPC a à peine reconnu ses échecs dans cet investissement international très médiatisé. Le rapport soulève des préoccupations plus générales concernant les investissements majeurs réalisés par l'OIRPC et d'autres grands régimes de retraite publics canadiens dans le secteur des soins de longue durée à but lucratif et dans d'autres services au public gérés par le secteur privé au Canada et dans le monde, dont beaucoup suivent le modèle de l'industrie du capital-investissement qui consiste à extraire des profits à court terme, tout en pressurant les consommateurs.trices, en exploitant les travailleurs/euses et en évitant l'impôt.
Jason Ward, Analyste principal de CICTAR, déclare : "L'OIRPC et d'autres grands investisseurs canadiens ne respectent pas leurs propres politiques d'investissement responsable : L'OIRPC et d'autres grands investisseurs canadiens ne respectent pas leurs propres politiques d'investissement responsable et ont désespérément besoin d'accroître la transparence et la responsabilité de leurs investissements massifs à l'échelle mondiale. Bien sûr, ces fonds de pension publics doivent générer des rendements pour financer la retraite des travailleurs.euses canadien.ne.s, mais pas en nuisant à la société par des pratiques d'investissement à court terme purement extractives et destructrices.
Un précédent rapport du CICTAR, publié en 2002 et élaboré en partenariat avec les syndicats français, la Fédération CFDT Santé-Sociaux et la Fédération CGT Santé Action Sociale, a montré comment le groupe ORPEA a utilisé les revenus des maisons de retraite, financés en grande partie par des fonds publics, pour financer l'acquisition par endettement d'un vaste portefeuille immobilier européen, géré à travers un labyrinthe complexe de structures d'entreprise s'étendant du Luxembourg aux îles Vierges britanniques et largement caché aux actionnaires de l'entreprise et au public.
Malgré toutes ses ressources et son expertise, l'OIRPC n'a pas vu venir le désastre.
Le nouveau rapport de CICTAR détaille comment, bien que détenant deux sièges au conseil d'administration du groupe ORPEA, l'OIRPC n'a jamais tenté de mettre fin à un modèle de mauvaise gestion évidente. Il n'a pas non plus fait d'interventions publiques pour endiguer la perte de plus d'un demi-milliard de dollars au moment où la société s'est effondrée et a été renflouée grâce à l'intervention du gouvernement français.
Selon Jason Ward : Nous craignons qu'il ne s'agisse pas d'un cas isolé. Le scandale d'Orpea, qui implique un traitement catastrophique des résident.e.s âgé.e.s et du personnel soignant, soulève des questions plus larges sur la nature des investissements des fonds de pension publics dans le secteur privé des soins de longue durée, qui dépend fortement du financement public et qui a la réputation de ne pas respecter les droits humains fondamentaux des personnes les plus vulnérables de la société.
D'autres fonds de pension publics canadiens ont également investi des sommes importantes dans le secteur des soins de longue durée, qui a fait l'objet d'un scandale, et nous sommes préoccupés par le niveau de contrôle exercé sur les normes de soins et les conditions de travail dans ces établissements. Toute personne dont l'épargne-retraite est investie dans des services publics privatisés risque de subir le même sort.