Une approche fondée sur les droits pour les migrants climatiques

Au cours des dix dernières années, on estime à 260 millions le nombre de personnes qui ont été contraintes de migrer en raison des impacts liés au climat. Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée internationale des migrants, l'ISP exige une approche qui combine la protection de leurs droits humains et la défense de services publics de qualité.

Aujourd’hui, pour célébrer la Journée internationale des migrants du 18 décembre, nous manifestons notre solidarité avec les 272 millions de migrant-e-s aux quatre coins du monde. Une majorité d’entre eux travaillent, dont une grande partie sont des femmes travailleuses migrantes. Nous reconnaissons que la migration est un phénomène humain naturel : c’est une caractéristique inhérente aux civilisations. En effet, avec la mondialisation et les avancées dans les domaines des communications, technologies et transports, les populations deviennent mobiles.

Cependant, il est extrêmement préoccupant qu’une grande partie des migrations actuelles soient forcées, avec des millions de personnes déplacées en raison de conflits et de catastrophes.

Chiffres clés

Personnes déplacées par les catastrophes climatiques

260 mi

au cours des 10 dernières années

7 mi

pour le premier semestre 2019

22 mi

d'ici la fin de 2019

L’une des conséquences les plus profondes du changement climatique sont les déplacements forcés des populations qui en résultent. D’après les estimations, ces 10 dernières années, plus de 260 millions de personnes ont été déplacées en raison de catastrophes naturelles.

Au cours de la première moitié de 2019 uniquement, des plus de 10 millions de déplacements enregistrés dans le monde entier (IDMC, 2019), 7 millions résultent de catastrophes naturelles liées au climat, notamment le cyclone Idai dans le sud-est de l’Afrique, le cyclone Fani en Asie du Sud, l’ouragan Dorian dans les Caraïbes, ainsi que les tempêtes et inondations aux Philippines, en Iran et en Éthiopie.

Selon les prédictions, les nouveaux déplacements associés à des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient au moins tripler pour atteindre 22 millions d’ici fin 2019.

En parallèle, des catastrophes aux conséquences progressives comme les sécheresses et la désertification continuent à s’étendre, menant à l’insécurité alimentaire, au manque d’eau et à des conflits pour les ressources, à l’image de ceux vécus au Moyen-Orient et Afrique du Nord, dans la région du lac Tchad et dans la corne de l’Afrique.

Après une période de baisse constante, la faim dans le monde connaît un regain, plus de 820 millions de personnes souffrant de la faim en 2018 (OMM, 2019). Il ne fait aucun doute que les facteurs climatiques rendent les communautés vulnérables, surtout dans les pays en développement, les plus touchés. Les migrations climatiques qui en découlent nécessitent une approche holistique et des mesures mondiales.

COP25

Lors des négociations de la 25e Conférence de l’ONU sur le changement climatique (COP25) qui s’est récemment terminée à Madrid, la déception a été profonde de constater le report à des négociations ultérieures en 2020 de nombreux éléments à l’agenda. Toutefois, l’adoption par les Etats membres de la décision de la COP25 sur le Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques (WIM) a été un aboutissement notable.

Cette décision reconnaît, entre autres, que les gouvernements devraient, lors d’actions menées dans le domaine du changement climatique, respecter, favoriser et prendre en considération leurs obligations relatives aux droits des migrant-e-s. Il prévoit en outre la formation, en 2020, d’un groupe d’experts afin d’améliorer la préparation d’actions et le soutien aux pays en développement en vue de remédier aux pertes et dommages susceptibles d’apparaître, y compris pour les déplacements de populations causés par les changements climatiques dans les pays en développement. La décision instaure également le « Réseau de Santiago pour les pertes et dommages » dont l’objectif est d’appuyer la mise en œuvre de ces actions.

L’Internationale des Services Publics (ISP) voit en cette décision de la COP25 une occasion précieuse pour que les syndicats des services publics et le mouvement syndical au sens large, aux côtés de leurs partenaires de la société civile, demandent aux gouvernements de tous pays, développés ou en développement, une approche des migrations climatiques fondée sur les droits humains.

Rosa Pavanelli, Secrétaire générale de l’Internationale des Services Publics (ISP) a déclaré :

« L’ISP demande une approche fondée sur les droits pour traiter la problématique des migrations climatiques. Cette approche repose sur deux piliers, d’une part la protection des droits humains et, d’autre part, la défense des services publics de qualité.

Un nombre croissant de personnes sont contraintes de migrer pour des raisons climatiques, la plupart recherchant des opportunités de travail et de subsistance. Nous demandons donc aux gouvernements de protéger les droits humains de tous les migrants, quel que soit leur statut.

Les gouvernements doivent respecter leurs obligations en matière de droits humains internationaux et de droit humanitaire en formulant leurs politiques migratoires et en protégeant les réfugiés.

En parallèle, nous devons continuer à préparer les communautés et à renforcer leur résilience, ce qui peut être réalisé en garantissant des services publics de qualité pour toutes et tous. En effet, un secteur des services publics bien financé et pleinement opérationnel qui livre des biens publics – notamment des interventions en cas d’urgence, des services sociaux et de santé, des services d’eau et d’assainissement, des services municipaux et des infrastructures publiques, entre autres – est crucial pour s’attaquer au changement climatique et à ses répercussions.

Les travailleurs et travailleuses des services publics, qui se trouvent en première ligne de la lutte contre le changement climatique, le savent très bien. Plus une communauté est capable de fournir des services publics de qualité pour tous, plus forte sera sa capacité à s’adapter aux changements climatiques, à éviter les exodes, à gérer durablement les déplacements internes et immigrations éventuelles.

Toutefois, il ne s’agit pas que d’adaptation et de réponse aux conséquences du changement climatique. Il s’agit d’adopter une approche holistique. Il s’agit de protéger les droits humains, de promouvoir l’égalité et l’inclusion, mais aussi de lutter contre le fascisme, le racisme et la xénophobie dans nos sociétés. »