TCHAD: Les travailleurs/euses rejettent le moratoire du Président

La fédération des syndicats affiliés à l’ISP du Tchad et son allié, la plateforme syndicale revendicative du Tchad ont convoqué leurs membres en une Assemblée Générale extraordinaire le mercredi 23 mai 2018, pour examiner la demande du moratoire du Président de la République lors de la rencontre du vendredi 18 mai au Palais présidentiel.

En effet, suite à la grève du secteur public de 2018 et conformément à l’accord signé le 14 mars dernier entre les deux entités, le gouvernement devrait rembourser à la fin de mois de mai les coupures faites sur les salaires. Mais en rencontrant vendredi 18 mai 2018 au Palais rose, les présidents et secrétaires généraux des centrales syndicales, le Président de la République Idriss Déby leur a signifié « l’impossibilité dans laquelle se trouve l’État pour honorer cet engagement » et demande un moratoire jusqu’en fin décembre.

Aussi, le Président Déby a fait une autre proposition aux syndicats, celle d’augmenter l’heure du travail qui par semaine passerait de 37 heures à 40 heures avant de s’indigner que seuls 5% des fonctionnaires tchadiens travaillent normalement tout en faisant observer que tous les techniciens censés être sur le terrain, notamment ceux de l’élevage et de l’agriculture, sont dans des bureaux climatisés à N’Djaména.

Pour Barka Michel, Président de l’UST et porte-parole de la plateforme revendicative, pense que «le moment actuel n’est pas propice pour l’augmentation du temps de travail. Les travailleurs sont déjà frustrés et ne demandent qu’un changement qui passe par une bonne gouvernance…. ».

Pour la base, il n’est pas question que le gouvernement continue à ne pas respecter les accords signés avec les syndicats « Si le salaire du mois de mai est payé intégralement comme le stipule l’accord du 14 mars 2018 signé en début de l’année 2018, nous allons réfléchir pour éviter la grève », laisse entendre Montana, Secrétaire Général du Syndicat du secteur de la santé affilié à l’ISP et membre du comité directeur de la plateforme.

Le prochain rendez-vous entre les centrales syndicales avec le président de la république prévu le 25 mai 2018, afin  de rendre compte des résultats obtenus auprès de la base a été précipitamment ramené le 24 mai au soir. Le NON à la demande de moratoire a été communiqué au Président.

Il est déplorable de constater qu’au moment où la centrale syndicale revendicative s’apprête à être reçue par le chef de l’Etat après consultation de sa base, la paie des salaires vient d’être déclenchée dans les banques et force est de constater qu’il y a toujours abattement sur les salaires des fonctionnaires. Il faut se dire qu’on n’est pas loin de reprendre la grève dans le secteur public au Tchad.