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Inter-Amérique Syndicat chilien de l'ISP soutient Jeannette Jara pour le second tour de la présidentielle
La XIXe assemblée nationale extraordinaire de l'Association nationale des employés du secteur public (ANEF) a défini son soutien au candidat progressiste au Chili qui s'est engagé à renforcer l'emploi public.
Nayareth Quevedo Millán
La XIXème Assemblée Nationale Extraordinaire de l'Association Nationale des Employés Publics (ANEF) s'est clôturée ce vendredi 21 novembre avec des définitions qui reflètent le climat politique et syndical que traverse le Chili à quelques semaines d'un second tour où le modèle étatique, les droits du travail et l'emploi public sont une fois de plus contestés.
Après deux jours de travail et de débats, l'assemblée plénière du plus grand syndicat du secteur public au Chili - 120 000 membres - a voté trois résolutions centrales : soutenir la candidate Jeannette Jara lors des élections du 14 décembre, réactiver les mobilisations au niveau national et donner la priorité à la stabilité du travail dans les négociations sectorielles avec l'actuel gouvernement. L'ambiance était à la lecture claire du contexte : face à l'avancée des discours qui cherchent à rétrécir l'Etat et à précariser le travail public, l'ANEF a choisi d'affirmer sa tradition de défense du secteur public.
Carlos Insunza, secrétaire national de l'ANEF, a été direct dans l'explication de la première résolution : appeler à voter pour Jeannette Jara, qui, a-t-il dit, représente le programme "le plus proche des conditions que nous défendons en tant que Confédération". Il ne s'agit pas d'une définition neutre ou routinière : elle a été donnée après avoir analysé un scénario dans lequel le secteur public pourrait à nouveau être la cible de coupes, de licenciements et de privatisations.
La deuxième ligne approuvée va au-delà du résultat électoral. Insunza a souligné la nécessité pour l'ANEF de retrouver sa capacité de mobilisation, de réflexion stratégique et de communication publique face à la désinformation qui circule sur l'emploi public. L'Assemblée a clairement lu qu'en 2025, il ne suffira pas de résister : il faudra contester le bon sens et la légitimité sociale du secteur public et de ceux qui le soutiennent jour après jour.
Ce mandat prend encore plus de consistance à la lumière du document signé par la candidate Jeannette Jara et envoyé à l'assemblée pour lecture, où elle s'engage à : renforcer et moderniser l'État au service des majorités, mettre en œuvre une réforme intégrale de l'emploi public avec stabilité du travail, mettre fin à la précarité des contrats et les rendre permanents, établir une nouvelle carrière dans la fonction publique basée sur le mérite, l'expérience et la continuité du service public, résoudre législativement l'agenda ANEF-Gouvernement en suspens au cours des deux premières années, et consolider les relations de travail participatives dans le respect de la liberté d'association, de la négociation collective et du droit de grève.
Dans son discours de clôture, le président national, José Pérez Debelli, n'a pas éludé la responsabilité qui incombe désormais aux dirigeants : défendre l'emploi public, la stabilité du travail et les travailleurs de l'État face à toute attaque contre les droits du travail. Ses paroles ont résonné comme une feuille de route et un avertissement : l'Assemblée n'a pas seulement délibéré, elle a aussi donné un mandat.
"Si l'extrême droite arrive au gouvernement, les travailleurs du secteur public savent ce qui les attend : réductions d'effectifs, licenciements, persécutions syndicales et recul des droits acquis au fil des décennies. C'est pourquoi nous avons clairement défini notre rôle : défendre l'emploi public, la stabilité de l'emploi et la fonction sociale de l'État. Nous ne laisserons pas se réinstaller l'idée que l'État est un coût. L'État, c'est ceux d'entre nous qui travaillent pour soutenir la santé, l'éducation, la justice et les services qui garantissent les droits des citoyens", a déclaré M. Pérez Debelli.
Pour l'Internationale des Services Publics, ces définitions sont interprétées comme un geste cohérent avec la défense de l'Etat social, de la négociation collective et des droits du travail dans le secteur public, en particulier à un moment où les gouvernements et les projets visant à affaiblir le secteur public et à fragmenter le syndicalisme se multiplient dans la région.
Pour l'ISP, l'arrivée éventuelle de l'extrême droite au gouvernement chilien ne serait pas simplement un changement administratif, mais un changement qui pourrait affecter directement notre capacité à défendre les services publics, l'emploi public et les droits collectifs. Lorsqu'un programme visant à réduire l'État, à privatiser des domaines essentiels et à affaiblir les organisations syndicales est mis en place, notre travail devient plus difficile, mais aussi plus essentiel. Si ce scénario se concrétise, nous devrons redoubler de coordination, de soutien à nos affiliés et de défense internationale des principes qui soutiennent la démocratie au travail et le rôle social de l'État.
Le Chili s'apprête à vivre des élections décisives, où l'enjeu n'est pas seulement de savoir qui va gouverner, mais aussi quel modèle d'État va prévaloir : un État au service des majorités ou un État réduit, mercantilisé et hostile à ceux qui travaillent en son sein. L'ANEF quitte son Assemblée avec une définition claire : elle ne sera ni spectatrice ni neutre face à un projet qui menace les droits, l'emploi, l'organisation et la démocratie syndicale.