Fête du Travail Soyons solidaires : Luttons pour un monde meilleur !
Cette année, nous célébrons la Journée internationale du travail dans une situation d'urgence mondiale
Camilo Rubiano
En raison de la pandémie de Covid-19, les millions de travailleurs/euses qui auraient défilé pour commémorer le 1er mai sont chez eux, la moitié de la population mondiale étant confinée pour freiner la propagation d'une infection massive.
Mais alors que beaucoup sont encore en première ligne, fournissant des services de santé et autres services essentiels – souvent considérés comme non essentiels, auxiliaires ou non qualifiés dans le passé – pour faire fonctionner la société, beaucoup d'autres sont morts dans l'exercice de leurs fonctions.
Cette situation appelle à une réflexion approfondie et à un renforcement de notre conviction que la société doit être gérée pour le peuple et non pour le profit.
Contrairement à il y a 12 ans, cette fois-ci, nous devons dire haut et fort « Plus jamais ça ! »
Contrairement à il y a 12 ans, lorsque la récession mondiale a plongé le monde dans la crise et que les banques et les entreprises ont été renflouées avec des milliards de dollars alors que les travailleurs/euses devaient supporter le coût de la reprise, cette fois-ci, nous devons dire haut et fort « Plus jamais ça ! ».
Les politiques néolibérales, l'austérité et la privatisation, qui ont augmenté la richesse de quelques-uns alors que le travail précaire et les bas salaires des travailleurs/euses restaient la norme, ne nous ont pas sauvés à l'époque et ne nous sauveront pas plus aujourd’hui !
Des années de consensus de la part des dirigeant-e-s mondiaux, autour d'un modèle de développement fondé sur la maximisation du profit au détriment d'emplois décents et plus nombreux, ne nous ont pas sauvés à l'époque et ne nous sauveront pas plus aujourd’hui !
Il est temps que le mouvement syndical prenne la tête de la lutte pour un changement profond dans l'économie mondiale et mette fin au statu quo. Nous ne devons pas revenir au mode de fonctionnement « habituel » caractéristique du néolibéralisme.
La Fête du Travail a vu le jour suite à la lutte courageuse des travailleurs/euses du XIXe siècle en faveur d’un travail décent, y compris la journée de huit heures. Au cours de la première moitié du XXe siècle, pendant la Grande Dépression et les deux guerres mondiales, les travailleurs/euses ont poursuivi leur combat et nous avons obtenu des concessions importantes, telles que l'amélioration des conditions de travail, la protection sociale et le droit de se syndiquer et de négocier collectivement.
Un nombre important de ces victoires ont été annulées ou diluées au cours des quatre dernières décennies, avec des conséquences désastreuses. Ce sont les privatisations et les coupes dans le financement des services publics, y compris la prestation des soins de santé, qui nous ont tous laissés vulnérables alors que la nouvelle pandémie de coronavirus s'installait.
Aujourd'hui, les gouvernements du monde entier louent et réalisent l'importance du personnel de santé, débordé, pour lesquels ils n'ont pas fourni d'équipement de protection adéquat, ainsi que des secouristes sous-payés et travaillant dans des conditions précaires, des nettoyeurs/euses, des concierges, des postiers/ères, des employé-e-s des services publics et de tous ces travailleurs/euses (désormais essentiels !) qui font fonctionner le tissu vital de la société.
Mais il ne suffit pas de nous rendre hommage ! Nous ne voulons pas d'un badge « attentionné » ou d'une lettre de « remerciements », nous ne voulons pas d'applaudissements par les fenêtres. Nous voulons et nous méritons un monde meilleur, une vie meilleure avec des emplois décents et bien rémunérés, le respect et la dignité.
Il est certain que le monde ne sera pas – et ne doit fondamentalement pas être – le même après la pandémie. Mais ce que sera le nouveau monde dépend de ce que nous ferons en tant que mouvement syndical, à partir de maintenant.
Nous devons insister, exiger et nous battre pour que les gouvernements continuent à prendre des mesures drastiques en réponse à l'urgence mondiale. La renationalisation des hôpitaux, la conversion des usines locales pour la production des besoins de la société et non pour l'avidité de quelques-uns, les congés maladie payés et la rémunération des travailleurs/euses en congé, ainsi que plusieurs autres mesures qui ont été prises dans l'esprit de l'urgence doivent se poursuivre.
Nous renouvelons donc nos demandes pour un droit effectif à se syndiquer et à négocier collectivement, et à protéger les travailleurs/euses qui luttent pour la transparence et la responsabilité, car il est plus que jamais essentiel que le droit des travailleurs/euses de parler d'éventuels actes répréhensibles ou de problèmes de santé et de sécurité, et que la direction réponde ou agisse rapidement sur ces problèmes, soit pleinement reconnu par chaque gouvernement.
L'urgence a montré que l'affirmation selon laquelle il n'y a pas d'alternative est un mensonge. Les gouvernements, sous la pression des entreprises, feront probablement de leur mieux pour inverser ces mesures en faveur du peuple une fois qu'ils penseront que la voie est libre. Nous devons faire en sorte que cela ne se produise pas.
Nous surmonterons la pandémie actuelle et la crise par la solidarité et la lutte en plaçant le peuple au-dessus du profit. Un monde nouveau nous attend.
Virtual May Day
L'ISP s’associe à LabourStart et au mouvement syndical mondial pour une diffusion en direct de 12 heures intitulée #VirtualMayDay, mettant en scène les travailleurs de première ligne, des syndicalistes et des dirigeants politiques du monde entier. Suivez l'action en direct sur notre page Facebook à partir de 9h CET : posez vos questions, discutez avec des camarades ou participez à notre concours artistique, le tout en utilisant le hashtag #VirtualMayDay