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L'eau : la justice avant le profit Semaine de mobilisation en Afrique contre la privatisation de l'eau
L'événement de cette année se tiendra du 21 au 26 octobre 2024 et aura pour thème "La justice de l'eau plutôt que le profit", soulignant la demande croissante en Afrique pour un accès équitable à l'eau, libre des contraintes de la privatisation et des politiques axées sur le profit.
David Boys
La coalition OWORAC (Our Water Our Right Africa Coalition) a lancé la quatrième édition de sa Semaine d'Action annuelle contre la Privatisation de l'Eau, qui coïncide avec l'Assemblée générale annuelle de la Banque mondiale. Cette année, l'événement se tiendra du 21 au 26 octobre 2024, sur le thème " La justice de l'eau plutôt que le profit ", soulignant la demande croissante en Afrique pour un accès équitable à l'eau, libéré des contraintes de la privatisation et des politiques axées sur le profit.
La coalition comprend des syndicats, des leaders et activistes des communautés, des ONG nationales et internationales, des universitaires, des activistes des médias sociaux et bien d'autres encore. Cette semaine est un appel à tous.tes les Africains et à leurs alliés dans le monde entier à s'opposer à la privatisation des ressources en eau et à exiger que la justice en matière d'accès à l’eau l'emporte sur le profit.
Bien que la Banque mondiale et les banques régionales de développement nient soutenir la privatisation des services et des ressources en eau (elles ont appris que le mot "privatisation" suscitait trop d'opposition), elles soutiennent actuellement une forme de privatisation encore plus néfaste, connue sous le nom de "financiarisation". L'argument central est que, puisque les gouvernements - à tous les niveaux - ne peuvent pas lever les fonds nécessaires (en grande partie à cause des politiques d'austérité du FMI et des problèmes non résolus de la dette mondiale), il faut faire appel aux capitaux privés. Les banques sont convaincues que les plus grands gestionnaires d'actifs du monde apporteront leurs fonds incommensurables en soutien à l'eau, à l'assainissement et à d'autres services publics dont dépendent nos familles et nos communautés. Le rôle principal du gouvernement est alors de créer un "environnement favorable" pour attirer les capitaux nationaux et étrangers afin qu'ils investissent dans les services publics.
L'environnement favorable comprend un certain nombre d'éléments :
Modifier les lois et les réglementations pour donner la priorité aux besoins des investisseurs privés
Fournir des incitations financières pour attirer les investisseurs privés - allègements fiscaux, garanties gouvernementales des bénéfices privés, sécuriser les investissements privés, rédiger des contrats pour répondre aux besoins des capitaux privés, etc.
Veiller à ce que les protestations du public soient réduites au minimum, notamment en limitant les droits à la liberté d'expression, au rassemblement, etc.
Attaquer et saper les syndicats du secteur public
Certains fonds privés circulent dans les pays à revenus élevés et moyens, où les bénéfices sont envisageables. Comme on peut s'y attendre, les fonds privés ne vont pas dans les pays à faible revenu, où les besoins sont les plus importants mais où les profits ne sont pas aussi attrayants. Dans l'ensemble, ces fonds privés sont loin d'être suffisants pour répondre aux besoins des services d'eau et d'assainissement. Et lorsqu'ils sont présents, les investisseurs privés extraient des montants considérables par le biais d'une "ingénierie financière innovante", qui comprend :
un taux d'endettement élevé (augmentation des niveaux d'endettement de l'ancien service public et utilisation de ces fonds, non pas pour des investissements et des améliorations, mais pour engraisser les actionnaires et poursuivre l'expansion de l'entreprise)
la fraude et l'évasion fiscales
l'externalisation de la main-d'œuvre auprès de courtiers en main-d'œuvre précaire et mal rémunérée
Augmentation des barèmes tarifaires
Manipuler le régulateur pour s'assurer que les fonds d'investissement peuvent également être détournés sous forme de dividendes.
Jusqu'à présent, la Banque mondiale restait insensible aux critiques de ses politiques, y compris lorsque ses propres travaux de recherche démontraient leur inefficacité. Son idéologie pro-marché rend la Banque aveugle aux échecs des dernières décennies.
La résistance à la privatisation se poursuivra, malgré les tentatives de museler toute opposition. Le réseau mondial pour la justice dans le domaine de l'eau rassemble des preuves et des analyses crédibles, qu'il partage avec les communautés concernées. Le réseau informe, éduque et mobilise. Les personnes et les organisations concernées par l'accès à l'eau et à l'assainissement doivent ajouter leur force à la résistance, afin que les élus entendent et respectent les voix du peuple.