Santé environnementale et soins de santé universels au Nigéria

La situation sanitaire au Nigéria ressemble à celle de bien d'autres pays où les financements alloués à la santé environnementale ainsi qu'aux soins de santé universels sont insuffisants, ce dont souffre par conséquent la population. Femi Abolade, fonctionnaire en santé environnementale et membre du syndicat des travailleurs/euses médicaux du Nigéria, dénonce la situation dans son pays, mais aussi sur tous les continents.

« La santé est une richesse, dit-on. Les gouvernements ont donc la responsabilité de prendre soin du corps et de l'esprit des populations qu'ils servent afin que leur pays soit prospère. Là où les prestations de santé sont restreintes, règne la pauvreté. La propagation de maladies infectieuses émergentes, en particulier dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, révèle la nécessité, pour les gouvernements, de se préoccuper davantage de santé préventive.

De l'Afrique à l'Asie, en passant par les Amériques, il reste une grosse marge de progrès possible pour assurer la santé pour tous. Le fardeau des maladies reste inacceptable. La morbidité maternelle et infantile reste trop élevée. Un mauvais assainissement de l'environnement et le manque d'équipements de base en matière d'hygiène expliquent en partie cette terrible situation.

La plupart des gouvernements n'accordent pas l'importance prioritaire qu'elle mérite à la santé environnementale, qui est l'un des éléments essentiels de la prévention en matière de santé. Malgré les engagements pris à l'oral en faveur des soins de santé de base, l'essentiel des ressources est alloué aux soins curatifs dans la pratique. La santé environnementale n'est d'ailleurs pas souvent reconnue comme faisant partie intégrante des soins de santé de base.

L'air, les sols, l'eau, les microbes, les plantes, les animaux et les humains sont les composants majeurs de l'environnement. Tout déséquilibre entre eux peut avoir des conséquences catastrophiques sur tous. Maitriser l'environnement de façon à maintenir un équilibre sain entre ses différentes composantes et contribuer à prévenir l'émergence de maladies, tel est l'enjeu de la santé environnementale.

Rendre l'environnement moins risqué pour les humains, voilà qui est au cœur des missions d'assainissement et de santé environnementale. C'est tout un art en plus d'être une science. La santé environnementale s'attache à la prévention et au contrôle des facteurs pathologiques dans l'environnement, parce que prévenir revient moins cher que guérir.

Elle inclut l'assainissement domestique, l'assainissement de l'eau, l'hygiène et la sécurité alimentaires, l'éducation à la santé, les services de santé scolaire, le contrôle de la pollution atmosphérique, les soins mortuaires, l'assainissement des marchés et des entreprises, la prévention et le contrôle des maladies transmissibles et le contrôle de la pollution sonore.

Il ne fait aucun doute que la santé environnementale, si elle est maitrisée correctement, peut contribuer nettement à obtenir des soins de santé universels.

Au Nigéria, comme dans beaucoup d'autres pays en développement, un nombre significatif de foyers ne possède pas l'équipement hygiénique de base tel que des toilettes et l'eau potable, ce qui les expose à de graves dangers et risque sanitaires. Les déchets solides ne sont pas gérés correctement. Les gens (la plupart du temps des filles et des femmes) parcourent plus de cinq cents mètres pour aller chercher une eau qui n'est pas assez propre pour être bue.

Les jeunes femmes courent un risque de harcèlement sexuel, y compris de viol, lorsque leur domicile n'est pas équipé de toilettes, notamment quand elles doivent sortir la nuit pour se soulager. La malaria reste la première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne en raison de la présence d'eaux stagnantes qui favorisent la reproduction des moustiques. L'incidence des diarrhées, fièvre typhoïde, fièvre de Lassa et virus Ebola augmente lorsque l'assainissement et l'hygiène sont négligés.

La pollution atmosphérique dans les zones industrialisées est une cause majeure de changement climatique. Elle constitue aussi une sérieuse menace pour la santé et peut entrainer des cancers et des infections menant à des décès précoces. Tout ceci montre que nous avons négligé de nous engager dans la santé environnementale. Il est temps de renverser la tendance.

L'accès à l'eau potable doit devenir une préoccupation majeure à tous les niveaux du gouvernement au Nigéria. Les femmes et les enfants ne devraient plus jamais avoir à parcourir de longues distances pour trouver de l'eau salubre.

Il faut décourager et stopper l'installation de lieux d'aisance ouverts situés dans les communautés, ou autour, afin d'endiguer la propagation permanente de maladies évitables telles que le choléra et la diarrhée. Les gouvernements doivent s'assurer que tous les foyers sont équipés de toilettes.

Ils doivent, de toute urgence, améliorer le développement d'infrastructures essentielles, notamment dans les zones rurales. Parmi ces infrastructures, de bonnes routes et un drainage adapté pour permettre de canaliser les eaux usées et empêcher la reproduction de moustiques qui transmettent la malaria. Ces mesures doivent aussi faciliter l'accès à un meilleur système de gestion des déchets.

Pour résumer, il faut comprendre que la santé d'un individu devient, par extension, la santé de tous. L'économie d'une nation ne peut prospérer que lorsque ses citoyen-ne-s sont en bonne santé. Les maladies, même quand elles semblent insignifiantes, peuvent affecter la productivité, le bien-être de la société et la prospérité collective.

Nous devons donc travailler ensemble en tant qu'individus, groupes et gouvernements afin de mener des actions de promotion de la santé de l'environnement, afin que les soins de santé soient universels.