Québec : Les syndicats luttent pour le droit de grève

Les syndicats du Québec unissent leurs forces pour dénoncer un projet de loi qui restreindrait considérablement le droit de grève des travailleurs. Le projet de loi 89 a été présenté par le gouvernement du Québec sous le couvert de la "protection des populations vulnérables lors des conflits de travail", mais les syndicats affirment que la législation représente une attaque directe contre les droits fondamentaux des travailleurs tout en ne s'attaquant pas aux véritables problèmes qui affectent les services publics.

Les syndicats ont souligné que les réglementations existantes en matière de services essentiels garantissent déjà la sécurité du public pendant les grèves. Le concept vague de "bien-être" utilisé dans la nouvelle législation comme critère pour limiter les actions de grève n'a pas de définition juridique claire et pourrait faire l'objet de contestations constitutionnelles.

S'exprimant lors d'une commission parlementaire, le président de la Centrale des syndicats du Québec, Éric Gingras, a déclaré : "Si nous voulons parler de bien-être public, discutons de l'amélioration des services d'éducation de la petite enfance, des conditions de travail dans les organismes communautaires et de l'arrêt des coupures dans les soins de santé. C'est là que le bien-être public commence vraiment - pas en sapant les droits fondamentaux des travailleurs.

Pour Robert Comeau, président de l'APTS, "le gouvernement empiète sur les droits de chacun pour résoudre un problème qui est, en réalité, une exception. Plutôt que de saper les droits des employés, il devrait s'attaquer aux véritables problèmes qui compromettent les services aux Québécois : les conditions de travail difficiles, la surcharge de travail et la rétention des employés."

Depuis 2000, environ 95 % des conventions collectives au Québec ont été réglées par négociation directe ou par conciliation. Au cours de la période 2000-2020, les lock-out à l'initiative de l'employeur ont causé beaucoup plus de journées de travail perdues (757) que les grèves des travailleurs (172), ce qui remet en question le discours du gouvernement sur les actions syndicales perturbatrices.

La résistance du syndicat au projet de loi 89 met en lumière une tendance mondiale plus large où les gouvernements tentent d'affaiblir les droits des travailleurs tout en sapant les services publics par des coupes budgétaires et la privatisation.

"Les grèves ne constituent pas une menace pour le bien-être des gens car, dans plus de 90 % des cas, les négociations sont réglées sans qu'il soit nécessaire de recourir à la grève. Mais au lieu de chercher à rééquilibrer les choses, ce projet de loi donne clairement l'avantage aux employeurs en limitant les droits des salariés. La FIQ se demande sincèrement ce qui motive le gouvernement, si ce n'est un agenda partisan visant à favoriser ses amis ", questionne Julie Bouchard, présidente de la FIQ.