#OFIP22 "Notre avenir est public ou ne sera pas", déclare Rosa Pavanelli au Chili
La secrétaire général de l'ISP est à Santiago pour participer à la conférence "Notre avenir est public", qui se déroule jusqu'au 2 décembre. "L'alliance que nous voulons consolider dans ce forum doit affirmer que les travailleurs du service public méritent des conditions et des salaires décents, ils méritent des droits syndicaux dans tous les pays, car les droits syndicaux sont des droits de l'homme". Lisez son discours ci-dessous.
Rosa Pavanelli
"Notre avenir est public" est un titre porteur d'espoir et affirme la nécessité de changer le modèle économique néolibéral.
Des décennies de politiques d'austérité, de coupes dans les budgets publics, d'attaque et de disqualification du rôle du public sont le résultat de la stratégie globale de privatisation et de financiarisation des services publics.
Au cours de cette période, nous avons vu les inégalités, l'injustice et la pauvreté se creuser entre les pays les plus riches et les plus pauvres, mais aussi, dans chaque pays, le fossé social se creuser.
L'OCDE nous apprend que l'accès aux services publics représente plus de 64 % du revenu disponible dans les pays les moins développés.
L'OCDE nous dit que l'accès aux services publics représente plus de 64% du revenu disponible des personnes vivant dans les pays les moins développés et nous savons qu'ils sont un facteur fondamental de la redistribution des richesses.
Garantir l'accès universel à l'éducation, à la santé, aux soins, à l'eau et à l'assainissement, ainsi qu'à l'énergie est le rôle de l'État afin que chacun puisse jouir des droits humains fondamentaux et échapper à la pauvreté, ce qui ne peut se faire qu'au moyen de services publics de qualité.
La pandémie COVID 19, avec laquelle nous avons du mal à vivre, nous a clairement montré que sans services publics de qualité, il n'est pas possible de sortir de l'urgence.
L'impact du changement climatique se manifeste chaque jour par des événements naturels extrêmes qui déterminent des urgences permanentes que le marché ne sait pas, ne peut pas et ne veut pas résoudre.
Au contraire, le marché est responsable de l'injustice sociale croissante et ne peut être un acteur du processus de décision dont nous avons besoin pour sortir des multiples crises - sanitaire, climatique, économique, sociale et politique - dans lesquelles nous sommes encore enfermés.
En fait, "Notre avenir est public" est un titre compromettant car il signifie également que nous voulons revenir aux principes fondamentaux de la démocratie, à la responsabilité de l'État dans la défense et la valorisation des biens communs, dans la définition des priorités dans l'intérêt général et dans la promotion d'une croissance économique orientée vers le développement social et humain, vers le progrès collectif plutôt que vers une croissance économique qui exploite le travail et les ressources naturelles sans respect pour les personnes et la planète.
En un mot, la fin de la cupidité extractive qui nous a conduits à une crise structurelle et systémique.
L'influence néfaste des intérêts multinationaux est à l'origine de la concentration des richesses dans les mains de quelques-uns et de l'augmentation de l'injustice sociale.
Lorsque les services publics sont transformés en marchandises, lorsque l'éducation, la santé, l'eau et bien d'autres choses encore ne sont pas évaluées mais tarifées, la marchandisation des droits de l'homme et, en fin de compte, de l'être humain, s'affirme.
Par conséquent, un avenir public doit mettre fin à la cooptation du pouvoir public pour les grands intérêts économiques, pour le capitalisme néolibéral. Et redonner le rôle de la gouvernance démocratique aux institutions internationales et nationales.
Mettre fin aux paradis fiscaux, imposer un impôt minimum mondial sur les bénéfices des multinationales et sur la fortune.
La vérité est que les travailleurs publics sont le radar qui perçoit en premier les changements dans la société.
Définir des plans de production industrielle qui répondent aux besoins des communautés dans lesquelles nous vivons, qui mettent fin à l'exploitation des travailleurs et des ressources naturelles pour réparer l'échec des chaînes d'approvisionnement mondiales, démontré dans la pandémie et représenté aujourd'hui par la menace de famine due à la guerre en Ukraine.
Un rôle de guide public dans la politique énergétique dont nous avons besoin pour sauver la planète.
Un rôle public dans la protection des données sensibles dans la transition numérique sans lequel le risque de confier aux mains de l'oligopole puissant des multinationales du secteur un pouvoir immense est la véritable menace pour la démocratie.
Une nouvelle idée du développement où les soins sont reconnus comme un droit humain et une responsabilité publique, où l'organisation sociale des soins est la clé pour mettre fin à l'inégalité entre les sexes, pour affirmer la reconnaissance sociale et la valeur des soins, leur redistribution au sein du foyer et de la société, leur rémunération en termes de salaire vital pour les travailleurs du secteur et la valorisation de leur contribution au PIB, leur représentation aux différents niveaux de la société.
"Notre avenir est public" signifie aussi la transparence de la gestion publique par la participation démocratique des citoyens, de la société civile, une participation dans laquelle il faut définir des règles de représentativité sans lesquelles les intérêts particuliers prévalent.
Enfin, permettez-moi de dire que parmi les sujets à valoriser dans ce processus de transformation progressive de la société figurent les travailleurs des services publics et leurs syndicats.
Pendant des années, ils ont été accusés d'être responsables de la dette publique, insultés comme étant improductifs et représentant un coût pour la société. Ou, à l'inverse, célébrés comme des héros pendant la pandémie ou chaque fois qu'ils sacrifient leur vie dans des situations d'urgence pour aider la population, pour être ensuite oubliés une fois la crise résolue.
La vérité est que les travailleurs publics sont l'épine dorsale de services publics de qualité, ils sont les gardiens de l'indépendance et de l'impartialité du système public, ils sont le radar qui perçoit en premier les changements dans la société.
Ce sont les travailleurs qui fabriquent les droits de l'homme.
L'alliance que nous voulons consolider dans ce forum doit affirmer que les travailleurs du service public méritent des conditions et des salaires décents, ils méritent des droits syndicaux dans tous les pays, car les droits syndicaux sont des droits de l'homme.
La participation active des travailleurs publics, de leurs syndicats, est essentielle dans une alliance qui veut construire un monde plus juste et durable. Et nous sommes ici pour continuer à marcher ensemble.