Le Bangladesh a ratifié trois conventions importantes de l'Organisation internationale du travail (OIT), s'engageant ainsi à renforcer la protection de la sécurité, de la santé et de la dignité des travailleurs.euses, ce qui constitue une victoire majeure pour les syndicats. Les conventions signées par le gouvernement intérimaire sont les suivantes :

• Convention 155 de l'OIT - Sécurité et santé au travail (1981)

• Convention 187 de l'OIT - Cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail (2006)

• Convention 190 de l'OIT - Violence et harcèlement dans le monde du travail (2019)

Ces conventions sont essentielles pour réduire les accidents du travail, promouvoir une culture de la sécurité et prévenir la violence et le harcèlement fondés sur le genre et d'autres formes de violence et de harcèlement sur le lieu de travail.

Cette ratification intervient plus de dix ans après l'effondrement de l'immeuble Rana Plaza, le 24 avril 2013, qui a tué plus de 1 100 travailleurs.euses de l'habillement et en a blessé plus de 2 500. Cette catastrophe est devenue un symbole des conditions de travail dangereuses, de la faible application du droit du travail et de l'absence de responsabilité dans les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Dans la foulée, les syndicats ont intensifié leurs revendications en faveur d'un travail décent et d'un renforcement des conditions de travail. Bien que plusieurs réformes aient été annoncées, les travailleurs.euses et les syndicats ont fait valoir que la mise en œuvre était lente et incohérente.

"Les syndicats du Bangladesh revendiquent des droits depuis longtemps. La tragédie du Rana Plaza a montré qu'il était urgent de répondre à ces demandes. Nous nous félicitons pour la ratification des conventions de l'OIT, mais elles doivent être mises en œuvre avec vigueur. La mise en œuvre doit être transparente, inclusive et contrôlée par les syndicats sinon, il ne s'agira que d'un autre document signé", a déclaré Mozibor Rahman, Secrétaire général du syndicat Paschimanchal Bidyut Bitaran Sramik Karmachari, au Bangladesh.

La défense des droits des travailleurs.euses à l'OIT et la promotion de la ratification de ses conventions sont au cœur du travail de l'ISP. La convention C190 est l'une des priorités de l'ISP dans toutes les régions. Au Bangladesh, l'ISP a activement soutenu les syndicats en les sensibilisant à la C190 et en renforçant leurs capacités dans ce domaine.

"Rendre le lieu de travail exempt de harcèlement et de violence est notre principale revendication. Les femmes doivent se sentir en sécurité sur leur lieu de travail. Nous avons plaidé pour les droits des femmes et la ratification du document C190 depuis son adoption par l'OIT en 2019. C'est une bonne chose que le gouvernement l'ait enfin ratifié. C'est une grande victoire pour les syndicats du Bangladesh ", a déclaré Nargis Jahan, Bangladesh Women Welfare Workers Union et ancienne membre du Conseil exécutif de l'ISP Asie-Pacifique.

La jeunesse du Bangladesh a joué un rôle déterminant dans l'adoption de ces mesures. Les jeunes militant.e.s et les jeunes travailleurs.euses ont mené le soulèvement de 2024 qui a renversé le gouvernement et créé les conditions nécessaires pour faire progresser les droits des travailleurs.euses. Ils/Elles doivent également être à l'avant-garde du mouvement visant à faire de ces engagements une réalité.

"La ratification de ces trois conventions est plus qu'une étape politique pour les jeunes travailleurs.euses. Au Bangladesh, chaque année, environ 2,2 millions de jeunes travailleurs.euses entrent dans le monde du travail dans des conditions d'exploitation, voire précaires et dangereuses, sans pouvoir se faire entendre et sans bénéficier d'une protection suffisante. Ratifier ces conventions, c'est s'engager à rendre les lieux de travail plus sûrs et à mettre fin à la violence et au harcèlement.

Mais la ratification n'est qu'un début ; les véritables progrès dépendent de l'engagement des jeunes, du leadership syndical et de la responsabilité. La participation des jeunes est essentielle, qu'il s'agisse de rejoindre les comités de sécurité au travail et les syndicats, de mener des campagnes de sensibilisation ou de contrôler la mise en œuvre. Les jeunes travailleurs.euses doivent être activement impliqué.e.s dans la concrétisation de ces engagements.

La Résolution 10 de l'ISP à l'APRECON-2025 stipule que l'OIT doit faire progresser les droits du travail et la justice sociale en Asie du Sud et faire respecter les conventions fondamentales du travail. L'exemple du Bangladesh montre que des progrès sont possibles. En tant que jeune travailleur, je suis convaincu que c'est le moment d'encourager tous les jeunes travailleurs.euses du monde entier à participer, à se syndiquer et à devenir l'un.e des artisan.e.s de l'avenir du travail, fondé sur l'égalité, la sécurité et la justice pour tous.tes", a déclaré Md. Abul Kalam Shojeeb, Secrétaire membre du Comité de la jeunesse, Bangladesh Pani Unnayan Board Jatiyatabadi Sramik Karmachari Union et titulaire du Comité exécutif de l'ISP AP.

Quelles sont les conventions que le Bangladesh a déjà ratifiées ?

En ratifiant les conventions C155 et C187, le Bangladesh a ratifié toutes les conventions fondamentales de l'OIT, qui défendent les droits fondamentaux des travailleurs.euses :

• Liberté syndicale et protection du droit syndical (C87)

• Droit d'organisation et de négociation collective (C98)

• Convention sur le travail forcé (C29)

• Convention sur l'abolition du travail forcé (C105)

• Convention sur l'âge minimum (C138)

• Convention sur les pires formes de travail des enfants (C182)

• Convention sur l'égalité de rémunération (C100)

• Convention sur la discrimination (emploi et profession) (C111)

La ratification de ces conventions oblige le Bangladesh à élaborer et à appliquer des lois et des politiques nationales sur la sécurité et la santé au travail. Il doit s'attaquer à la violence et au harcèlement - y compris la violence fondée sur le genre - sur les lieux de travail. Il doit également garantir la participation des travailleurs.euses par l'intermédiaire des syndicats, des comités de sécurité et du dialogue social.