Les travailleurs.euses de l'OIT et de l'ONU défendent l'indépendance des institutions mondiales

S'adressant directement au Directeur général du BIT, Gilbert F. Houngbo, le Secrétaire général de l'ISP, Daniel Bertossa, a souligné l'importance cruciale d'une main-d'œuvre unie et motivée pour faire face aux coupes budgétaires et aux réformes structurelles.

Lors de la 5ème réunion mondiale du Syndicat du personnel de l'OIT, le 15 octobre, le Secrétaire général de l'ISP, Daniel Bertossa, a parlé du rôle vital que joue le personnel de l'OIT dans la défense des droits des travailleurs et du mandat de l'organisation en cette période de turbulences.

La réunion syndicale a eu lieu alors que l'Organisation internationale du travail est confrontée à de graves problèmes de liquidités et pourrait supprimer jusqu'à 295 postes (environ 8% de ses effectifs) si les Etats-Unis et d'autres pays ne paient pas leurs cotisations, qui s'élèvent à plus de 260 millions de francs suisses (323,34 millions de dollars).

S'adressant directement au Directeur général du BIT, Gilbert F. Houngbo, M. Bertossa a souligné l'importance cruciale d'une main-d'œuvre unie et motivée pour faire face aux coupes budgétaires et aux réformes structurelles : "L'OIT peut travailler avec un budget réduit, mais pas sans une main-d'œuvre motivée et appréciée", a-t-il déclaré, soulignant que le personnel est le plus grand atout de l'organisation pour remplir sa mission et réaliser la vision du Directeur général.

Il a également mis en garde contre les dangers d'une trop grande dépendance à l'égard du financement par les entreprises, déclarant qu'"une OIT trop dépendante du financement par les entreprises n'est plus une institution indépendante capable de remplir son mandat indépendant". M. Bertossa a également mis l'accent sur la crise plus large à laquelle est confronté le système des Nations unies, notant que "sans un système des Nations unies fonctionnel et crédible, nous sommes confrontés à un avenir sombre, fait de fragmentation et de chaos".

Le conseil d'administration du BIT discutera de la situation lors de sa prochaine réunion en octobre-novembre 2025. Parmi les propositions/alternatives envisagées pour faire face à la situation - outre les suppressions d'emplois - figurent la possibilité de délocaliser des dizaines d'employés hors du siège de l'OIT à Genève, ainsi que l'externalisation de services.

Appelant le personnel du BIT à soutenir le travail du syndicat, il a souligné que la force collective est essentielle : "Chaque membre supplémentaire nous rend plus forts, chaque travailleur désireux d'agir nous rend plus forts. Il a reconnu les efforts de solidarité au niveau mondial, citant des actions syndicales réussies aux États-Unis, en Argentine, en Irlande et en Ouganda, et s'est engagé à soutenir l'ISP par le biais d'activités de plaidoyer, de campagnes et d'actions syndicales.

L'OIT n'est pas la seule agence spécialisée des Nations Unies à être confrontée à des défis. Le HCR a confirmé qu'il supprimerait 6 000 emplois dans le monde d'ici la fin décembre 2025 ; l'UNICEF a annoncé qu'il devrait réduire de 20 pour cent son effectif mondial de 13 000 personnes ; et l'OMS est également confrontée à une réduction de 20 à 25 pour cent de son effectif mondial. Les licenciements ont déjà commencé, entraînant une interruption de l'aide humanitaire mondiale et menaçant les millions de personnes qui dépendent de ces agences.

Mme Bertossa a terminé par un appel à la résilience, rappelant au personnel les victoires du passé : "Lorsqu'une réduction des salaires a été imposée à l'organisation, le BIT a montré qu'il existait une autre voie. Le personnel a gagné et l'OIT a gagné. Je pense que c'est à nouveau possible".