Les syndicats français réclament que l'énergie reste un service public

Les syndicats français de l'énergie célèbrent aujourd'hui, 8 avril 2021, le 75e anniversaire de la nationalisation de leur service d'électricité et de gaz. Cette décision a conduit à la création des services publics d'énergie français verticalement intégrés, Électricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF).

La raison de la nationalisation était claire et justifiée : en tant que bien commun et stratégique, l'énergie est un besoin vital pour mener une vie sûre et digne, et pour faire fonctionner une économie productive. Les systèmes énergétiques nationaux nécessitent également des investissements substantiels dans l'infrastructure et l'entretien permanent : ils doivent donc être gérés et réglementés par le secteur public. La fourniture d’énergie doit également être assurée par un système public garantissant le contrôle de la production, du transport et de la distribution à un prix équitable et abordable pour les usagers (péréquation tarifaire) et les entreprises. EDF et GDF ont joué un rôle stratégique dans le développement économique de la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

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75 ans - FNME CGT

Avec la propagation du néolibéralisme et de la financiarisation, et suite aux directives de l'UE, GDF a été fusionné avec la multinationale Suez, puis privatisé en groupe ENGIE en 2015. EDF a été partiellement ouverte aux investissements privés en 2014, mais reste détenue majoritairement par l'État français et continue d'être intégrée verticalement. Cependant, la pression continue exercée par la Commission européenne sur la France pour briser l'intégration verticale de l'entreprise de service public et imposer une dynamique de marché a conduit à fixer un prix désavantageux (dispositif AREHN) pour l'énergie produite par EDF et vendue aux entreprises privées de distribution d'énergie, ce qui a contribué à endetter l'entreprise publique.

Ce 75e anniversaire intervient à un moment charnière pour l'avenir d'EDF, actuellement sous la pression du gouvernement Macron et de la Commission européenne pour dégrouper, offrant ses branches d’activités rentables aux investisseurs privés (le réseau national, monopole naturel, et la branche énergies renouvelables d'EDF), laissant le contribuable couvrir le parc de production qui nécessite des investissements et une maintenance massive. C'est l'essentiel du plan "Hercule" auquel les syndicats français de l'énergie sont unanimement opposés. Il s'agit de reconquérir l'énergie française comme un service public dans l'intérêt de tous, et non comme une marchandise générant du profit pour quelques-uns.

Le dégroupage est le premier pas vers une privatisation à part entière, et ce sont les usagers, les entreprises productives et les travailleurs/euses qui vont y perdre, alors que les multinationales de l'énergie et les investisseurs privés y gagnent. Les effets de la privatisation de l'énergie peuvent être facilement observés en traversant la Manche : après 30 ans de privatisation de l'énergie, le Royaume-Uni connaît des niveaux élevés de précarité énergétique, les prix sont montés en flèche et un cartel privé de facto dirige le marché de l'énergie(en anglais). Par conséquent, les syndicats britanniques de l'énergie et leurs alliés tels que We Own It insistent pour que l'énergie britannique soit renationalisée.

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Rebecca Long Bailey has announced the Labour Party plans to bring our energy networks - including the National Grid - into public ownership. This is a massive development of Labour's policies to rebuild our energy system to work for people, not profit. If we want to respond effectively to climate change, invest in renewables and build a Green New Deal that helps us transition to a zero carbon economy, we need to end the scandal of privatisation, and bring our energy network into public ownership for good. Here are three reasons why we need to do this. Like this video? Why not follow us on social media to keep up to date with all our campaigns?: facebook.com/weownitcampaign twitter.com/we_ownit instagram.com/weownit_campaign And don't forget to like, share and subscribe!

Three reasons to take <br>back our National Grid

Mobilisés depuis 2019 contre le plan de dégroupage, les syndicats français ne se contentent pas de dire non au plan Hercule de Macron, et de collecter des signatures pour une pétition en faveur de l'énergie comme service public pour les générations futures, mais ils ont mis en avant une vision claire pour un avenir énergétique public qui implique un rôle clé pour le public dans la conduite de la transition écologique et une décarbonisation à l'échelle de l'économie. La CGT-FNME a développé une alternative énergétique publique à part entière : le "Programme énergétique progressif". L'ISP et les membres de Trade Unions for Energy Democracy (TUED) ont exprimé leur soutien continu aux syndicats français dans leur lutte pour défendre l'énergie publique en France.

Le 8 avril 2021, 75 ans après la nationalisation de l'énergie, les syndicats français de ce secteur se mobilisent pour défendre leur service public national de l'énergie et récupérer l'énergie comme un service public dans l'intérêt commun.

L'ISP est signataire d'un Accord-Cadre Mondial avec EDF, conjointement avec IndustriALL Global Union.

La Secrétaire générale de l'ISP, Rosa Pavanelli, a écrit au Président français Macron à deux reprises, soulignant les risques et les inconvénients de la dissociation d'EDF. Les deux lettres sont restées sans réponse.

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