Les syndicats français gagnent la bataille pour préserver le service public de l'énergie

Les affiliés français de l'ISP ont déclaré une première victoire critique après que le gouvernement français a été contraint de retarder la restructuration de l'entreprise publique EDF.

Électricité de France (EDF) reste aux mains du secteur public bien qu'elle ait été ouverte aux investissements privés depuis 2014. Le gouvernement français détient toujours 83 % de l'entreprise. La Commission de l'Union européenne exerce une pression continue sur la France pour qu'elle démantèle (dégroupage) ce service public verticalement intégré. Le dégroupage est la première étape vers la privatisation et permettrait aux multinationales de l'énergie et aux investisseurs privés de retirer des bénéfices du système.

Les conséquences négatives de la privatisation et de l'imposition de la logique du marché dans le secteur public de l'énergie sont évidentes dans de nombreux pays : la priorité est d'extraire le maximum de bénéfices dans les plus brefs délais, au détriment des travailleurs / travailleuses, des utilisateurs / utilisatrices et de la stabilité et de la fiabilité globales du système. En outre, la privatisation limite la capacité à mettre en œuvre une transition énergétique globale et urgente pour répondre à la crise climatique. Les rapports de Syndicats pour la Démocratie Énergétique (TUED) démontrent qu'un secteur énergétique à but lucratif ne réalisera pas les investissements nécessaires à temps et à grande échelle pour étendre l'accès universel et décarboniser la production d'électricité.

Une EDF publique fait l'objet d'attaques depuis des années. Depuis les rumeurs en 2018 sur un projet de scission, jusqu'au désastreux projet de démembrement d'EDF, ridiculement nommé Hercule, puis cyniquement rebaptisé « Grand EDF ».

Les quatre principaux syndicats français de l'énergie se sont coordonnés avec leurs alliés pour organiser des grèves, des manifestations, des pétitions et une campagne de communication permanente avec le public et les élus à tous les niveaux du gouvernement.

La FNME-CGT française a développé une alternative énergétique publique à part entière, connue sous le nom de ‘Programme Progressiste de l’Energie’, qui maintient un service public intégré et trace la voie pour résoudre les problèmes de la commercialisation du système énergétique français. La FNME-CGT a déclare : “La FNME-CGT applaudit le KO Hercule et prépare le prochain round face aux casseurs. Le seul but de ces manœuvres est de réaliser de juteuses opérations financières sur le dos des Usagers et des Agents !

La FNME-FO propose “Un nouvel élan... soit donné à ce service public, sur la base d'un bilan des vingt dernières années, en ouvrant un débat sur les moyens à donner à EDF pour poursuivre ses missions au service de la Nation, de l'égalité des citoyens et pour doter la France d'un outil de combat pour accélérer la Transition énergétique”.

Cette victoire est comprise comme provisoire. Une victoire dans une guerre en cours. Le gouvernement français n'a pas réussi à se mettre d'accord avec l'UE, un revers majeur pour les réformes du gouvernement Macron. Les analystes de la banque d'investissement Barclays ont noté : "Nous continuons de croire qu'en fin de compte, il y aura un accord entre l'UE et la France sur la réorganisation d'EDF." En d'autres termes, les banquiers veulent que la privatisation aille de l'avant.

Les attaques contre EDF reprendront probablement après les prochaines élections présidentielles françaises, prévues en avril 2022.

L'ISP travaille avec ses affiliés du secteur de l'énergie dans le monde entier dans des luttes permanentes pour préserver l'énergie en tant que service essentiel qui doit rester sous propriété et contrôle publics. Les services essentiels comme l'énergie, l'eau, la santé, les soins et autres, doivent rester publics.