Les syndicats de l'ISP s'expriment alors que le racisme et les déportations massives se multiplient en Algérie

Les tensions suscitées par une querelle diplomatique entre l'Algérie et le Mali se sont propagées sur les réseaux sociaux. Les migrant.e.s d'Afrique sub-saharienne, dont beaucoup ont cherché refuge et travail en Algérie, sont maintenant confronté.e.s à une hostilité accrue et à la menace d'une expulsion illégale. Les affiliés de l'ISP, le SNAPAP et le SNATEGS, ont tiré la sonnette d'alarme, avertissant que la situation se transforme en une véritable campagne de violence raciale et de répression.

Ces derniers jours, l'Algérie a été le théâtre d'une vague inquiétante de discours racistes et xénophobes, visant en particulier les migrant.e.s d'Afrique sub-saharienne. L'incitation généralisée à la haine, en ligne et sur le terrain, ne serait-elle qu'un écran de fumée ? Les tensions suscitées par une querelle diplomatique entre l'Algérie et le Mali se sont propagées sur les plateformes de médias sociaux, où les discours de haine se répandent comme une traînée de poudre. Il ne s'agit plus seulement d'une question diplomatique, mais d'une crise humanitaire. Les migrant.e.s, dont beaucoup ont cherché refuge et travail en Algérie, sont désormais confronté.e.s à une hostilité accrue, à la déshumanisation et à la menace d'une expulsion illégale.

Les affiliés de l'ISP, le SNAPAP et le SNATEGS, par l'intermédiaire de leur Confédération syndicale des forces productives (COSYFOP), ont tiré la sonnette d'alarme, avertissant que la situation se transforme en une véritable campagne de violence raciste et de répression.

Une déclaration récente de la COSYFOP met en évidence l'urgence de la situation:"Ce qui a commencé comme une tension politique a dangereusement débordé sur le discours public, alimentant une xénophobie et une hostilité raciale incontrôlées sur les médias sociaux et les plateformes publiques".

En 2017, plus de 2 000 migrant.e.s d'Afrique sub-saharienne ont été expulsé.e.s en l'espace de quelques semaines dans des conditions inhumaines. Plusieurs actions similaires ont eu lieu depuis. En 2024, des milliers de personnes auraient été expulsées vers le Niger par l'Algérie. Le 20 avril 2025, un nombre non divulgué de migrant.e.s a été déporté à Assamaka, une ville désertique isolée dans le nord du Niger.

Les migrant.e.s d'Afrique sub-saharienne, dont beaucoup travaillent dans le secteur informel en Algérie, sont aujourd'hui confronté.e.s à des expulsions massives sans recours légal, à la stigmatisation dans les médias et au silence des institutions qui devraient les défendre. L'Algérie a ratifié les conventions internationales qui stipulent que "les travailleurs.euses migrant.e.s et les membres de leur famille ne peuvent faire l'objet de mesures d'expulsion collective. Chaque cas d'expulsion doit faire l'objet d'un examen et d'une décision individuels".

Malheureusement, cette disposition est également ignorée par les autorités qui procèdent aux expulsions. Pendant ce temps, des syndicats solidaires comme COSYFOP sont réprimés pour avoir osé s'exprimer.

La déclaration de COSYFOP attire l'attention sur une tendance qui fait froid dans le dos : les expulsions collectives ont lieu sans garanties procédurales, en violation flagrante des normes juridiques internationales telles que la Convention internationale sur la protection des droits de tous.tes les travailleurs.euses migrant.e.s et des membres de leur famille (ratifiée par l'Algérie en 2005). Les médias sociaux sont inondés de discours haineux, dont la plupart ne sont pas contrôlés. Les migrant.e.s sont rassemblé.e.s, détenu.e.s arbitrairement et expulsé.e.s en masse. Celles et ceux qui restent sont confronté.e.s à une précarité croissante, manquent de protections de base et ont souvent peur de demander de l'aide.

"Aucune personne ne devrait être réduite à une monnaie d'échange dans les conflits géopolitiques", affirme à juste titre COSYFOP.

La militarisation du discours public n'est pas accidentelle, elle est délibérée. Ce qui n'était au départ qu'une posture politique s'est transformé en racisme quotidien, à la fois en ligne et dans la rue. COSYFOP a mis en évidence la façon dont ce changement érode les propres valeurs de l'Algérie : sa fière tradition d'hospitalité et son engagement constitutionnel en faveur des droits humains, ainsi que le mépris flagrant de sa propre Constitution.

"Il est inacceptable que ces récits toxiques ne soient pas contrôlés. L'État a clairement la responsabilité de protéger tous les individus à l'intérieur de ses frontières, indépendamment de leur origine ou de leur statut juridique" - COSYFOP

COSYFOP, comme d'autres organisations de défense des droits humains, estime qu'il est encore temps de choisir une autre voie.

"Les expulsions arbitraires et les déportations extrajudiciaires doivent cesser. Chaque migrant.e ou demandeur .euse d'asile doit se voir garantir le droit à une représentation légale, l'accès à une procédure judiciaire équitable et le contrôle par des organisations indépendantes de défense des droits humains et des syndicats" - COSYFOP

L'ISP se fait l'écho de cet appel et demande qu'il soit mis fin à la stigmatisation, aux expulsions sans procédure régulière et à la répression des mouvements de solidarité en Algérie.