Victoire syndicale Le syndicat de l'énergie remporte des élections historiques au Bangladesh
Depuis 16 ans, les travailleurs de l'énergie d'une entreprise publique du Bangladesh se voient refuser leurs droits à la négociation collective. L'affilié de l'ISP, l'Ashuganj Power Station Company Limited Sramik Karmachari Union (APSCLSKU), a finalement forcé la tenue d'une élection et a obtenu le droit de négocier à une majorité de plus de deux tiers.
Jyotsna Singh
Après 16 ans de campagne et d'organisation, l'Ashuganj Power Station Company Limited Sramik Karmachari Union (APSCLSKU) a remporté une victoire éclatante lors des récentes élections à l'Ashuganj Power Station Company Limited (APSCL). Il a remporté le droit d'être l'agent de négociation collective (CBA) avec une majorité de plus de deux tiers. Ce triomphe fait de l'APSCLSKU le syndicat officiel des travailleurs, une étape essentielle pour défendre leurs droits et négocier avec la direction.
L'élection marque une étape importante dans la lutte de longue haleine des travailleurs pour leur représentation. Depuis la création de l'APSCL en 2008, les travailleurs se sont mobilisés pour obtenir le droit d'élire une convention collective. La victoire de l'APSCLSKU intervient après des années d'organisation, de rassemblements, de manifestations et de démarches répétées auprès des autorités pour que les élections aient enfin lieu.
Kate Lappin Secrétaire régional de l'ISP, Asie-Pacifique
Les syndicats du Bangladesh ont été confrontés à des conditions persistantes, illégales et dangereuses. Nous félicitons l'APSCLSKU et tous les travailleurs qui sont déterminés à obtenir de meilleures conditions pour les travailleurs et un meilleur système énergétique public pour leur pays.
"C'est une grande victoire. Les travailleurs sont très heureux. Il n'y avait pas de CBA jusqu'à présent. Le fait d'être une ACB nous place en position de force pour parler à la direction au nom des travailleurs de l'APSCL", a déclaré Enamul Hoque, secrétaire général de l'APSCLSKU. "Nous avons commencé à consulter nos membres et à organiser les travailleurs afin d'élaborer une charte de revendications et d'entamer les négociations.
La contractualisation est l'une des principales questions que le syndicat souhaite aborder. La direction a progressivement remplacé les postes permanents par des travailleurs contractuels, ce qui a entraîné une baisse des salaires et des conditions de travail et a eu pour but d'affaiblir le syndicat. M. Hoque souligne que ce changement a affecté à la fois la charge de travail et l'efficacité de l'entreprise.
"Cela a augmenté notre charge de travail, car les employés permanents doivent combler les lacunes. La contractualisation a également un impact négatif sur l'efficacité", a expliqué M. Hoque. Il a noté une baisse significative de la main-d'œuvre : "En 2002, il y avait 760 électeurs, alors qu'il n'y en a plus que 379 cette fois-ci. Au lieu d'augmenter le nombre de travailleurs au fur et à mesure que la demande d'énergie augmente, il a diminué". L'APSCLSKU a obtenu 263 voix sur 379, soit le soutien de 70 % des travailleurs.
Historiquement, le secteur de l'électricité au Bangladesh était entièrement public. Toutefois, depuis les années 1990, le secteur a été restructuré, ce qui a conduit à la création de plusieurs entreprises, dont APSCL en février 2008. Selon la section 202 (2) de la loi sur le travail du Bangladesh de 2006, les élections de l'ACB doivent être organisées dans les 120 jours suivant la création d'une entreprise. Malgré cette disposition, l'APSCL n'avait pas organisé d'élections au CBA depuis 16 ans. Les demandes persistantes de l'APSCLSKU, dont la dernière remonte à août 2024, ont finalement abouti à l'organisation d'élections.
Enamul Hoque Gen Sec, APSCLSKU
C'est une grande victoire. Les travailleurs sont très heureux. Le fait d'avoir conclu une convention collective nous place en position de force pour parler à la direction au nom des travailleurs de l'APSCL.
L'APSCLSKU a dédié cette victoire à Md. Zafrul Hasan, syndicaliste renommé et directeur exécutif de l'Institut bangladais d'études sur le travail (BILS). Il était également membre du Conseil exécutif de l'ISP. Il est décédé en avril 2020.
L'APSCLSKU est affiliée à l'Internationale des services publics (ISP) depuis 2016. L'ISP a joué un rôle crucial en soutenant le syndicat, en aidant à organiser les travailleurs autour de la demande d'élections et en fournissant une aide au renforcement des capacités selon les besoins.
"C'est une très bonne nouvelle. L'ISP est fermement convaincue que les travailleurs doivent s'unir et s'organiser pour que les autorités répondent à leurs demandes. Seuls des travailleurs unis peuvent faire pression pour obtenir des conditions de travail décentes ", a déclaré Kannan Raman, Secrétaire sous-régional de l'ISP pour l'Asie du Sud.
Kate Lappin, Secrétaire régionale de l'ISP pour l'Asie-Pacifique, a également félicité le syndicat pour sa victoire. "Les syndicats du Bangladesh sont confrontés depuis des années à des conditions de travail illégales et dangereuses. Malgré cela, APSCLSKU a continué à revendiquer des droits syndicaux pour les travailleurs de l'énergie et vient de remporter une victoire historique. Nous félicitons le syndicat et tous les travailleurs qui sont déterminés à obtenir de meilleures conditions pour les travailleurs et un meilleur système énergétique public pour leur pays.
Lors d'un soulèvement populaire mené par les étudiants et les travailleurs, le peuple du Bangladesh a réussi à renverser le gouvernement du Premier ministre Sheikh Hasina en 2024. Le gouvernement intérimaire dirigé par Muhammad Yunus a amélioré l'environnement des syndicats et s'est engagé à réformer en profondeur le droit du travail.
L'ISP a facilité les discussions avec les affiliés, les centres nationaux, l'Institut d'études du travail du Bangladesh et l'éminent économiste, le professeur Anis Chowdhury, en 2024. Ces discussions visaient à aider les affiliés et le mouvement syndical à saisir l'opportunité d'obtenir de meilleures lois du travail et des politiques macro-économiques plus équitables.
Pour en savoir plus sur les réformes macroéconomiques proposées par le professeur Chowdhury, voir :
La culpabilité des institutions financières internationales
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Le Bangladesh en crise : Quelle issue ?
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