Le personnel soignant bolivien s'organise pour obtenir des conditions de travail décentes

L'ISP a réuni pour la première fois les syndicats du secteur des soins en Bolivie pour discuter des stratégies de lutte commune et d'organisation syndicale face à la nécessité urgente de rendre visible et digne le travail de ce secteur historiquement invisible, féminisé et précaire, qui est essentiel pour la durabilité de la vie.

Dans le cadre de la défense des droits du travail dans le secteur des soins, l'ISP, en collaboration avec Ciudadanía - Comunidad de Estudios Sociales y Acción Pública, a organisé un atelier en face à face à Cochabamba, en Bolivie, qui a rassemblé des représentant.e.s syndicaux.ales des secteurs de la santé, du nettoyage, de la petite enfance et de l'emploi solidaire, le 17 mai 2025. Les participant.e.s ont réaffirmé leur engagement à poursuivre la lutte pour des conditions de travail équitables et pour la reconnaissance des soins comme un droit, un service public et un axe central de la justice sociale.

Plus de 30 travailleuses et représentantes syndicales du syndicat du centre pédiatrique Albina Patiño, du syndicat du système de santé publique du département de Cochabamba, du syndicat des centres municipaux pour enfants, du syndicat unique des travailleurs de l'entreprise municipale de nettoyage (EMSA) et de la fédération départementale des travailleurs.euses de l'emploi solidaire (FEDETESCO) ont participé à la réunion. Cet espace privilégié a permis de réunir ces syndicats pour la première fois et de faciliter la réflexion, l'analyse collective et l'articulation entre les organisations syndicales confrontées à des conditions de travail précaires, à des contrats instables et à un manque de reconnaissance institutionnelle.

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Au cours de la journée, des expériences sur les pratiques syndicales ont été partagées, l'analyse des conditions de travail a été approfondie et le rôle stratégique du syndicat en tant qu'outil de conquête de droits a été abordé. Les participant.e.s ont identifié des problèmes communs tels que la surcharge de travail, les bas salaires, le manque de protection sociale et les limites des contrats de "consultation en ligne", une figure juridique qui empêche l'exercice des droits collectifs fondamentaux tels que la syndicalisation et la négociation collective.

Selon Virginia Caero, du syndicat du centre pédiatrique Albina Patiño, "la lutte continue, malgré les persécutions et les sanctions injustifiées. Nous devons nous renforcer par la formation et l'autonomisation".

Dans le secteur du nettoyage urbain, Rosalía Quisbert, du syndicat EMSA, a dénoncé le fait que "nous travaillons la nuit, exposées aux agressions et aux accidents, sans reconnaissance, sans équipement de protection adéquat ni paiement des heures supplémentaires". Dans le même ordre d'idées, Victoria Moreira, de FEDETESCO, a déclaré : "Nous, les femmes en situation de vulnérabilité, avons dû organiser des manifestations et des grèves de la faim pour obtenir le salaire minimum auquel nous avons droit. Malgré cela, nous continuons à nous battre".

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L'atelier comprenait également une présentation de Manolo Bellot, avocat spécialisé dans le droit du travail, qui a passé en revue les cadres réglementaires nationaux et internationaux applicables au travail de soins, en soulignant la nécessité de garantir des conditions de travail décentes et des droits fondamentaux tels que la sécurité sociale, la stabilité et la protection contre la discrimination et la violence.

Susana Barria, Secrétaire sous-régionale de l'ISP pour la sous-région andine, a souligné que "l'action collective et le renforcement des syndicats sont essentiels pour promouvoir le dialogue social et exiger des conditions de travail décentes, en particulier dans les contextes de précarité ". Elle a également proposé d'avancer dans les alliances avec les fédérations et les confédérations pour déposer des plaintes auprès d'organismes internationaux tels que l'OIT, afin de rendre visible l'impact négatif des formes précaires de contrats qui prédominent aujourd'hui dans le secteur.

Parmi les accords conclus lors de la réunion, citons les suivants : organiser une session thématique de suivi juridique avec Manolo Bellot ; construire un argumentaire collectif pour dénoncer devant l'OIT la figure du "consultant en ligne" (contrats de prestation de services sans garanties) ; promouvoir la coordination entre les syndicats et les processus des fédérations ; et maintenir la communication et faciliter les futures actions conjointes.

Lire le rapport de l'atelier