Travail décent Le personnel des services publics d'urgence mérite d’être protégés – Les directives de l'OIT montrent comment
Il y a deux ans, en avril 2018, les syndicats de toutes les régions de l'ISP ont négocié avec succès de nouvelles directives de l'OIT visant à garantir un travail décent dans les services publics d'urgence (SPU). Nous étions loin de nous douter que le coronavirus allait balayer la planète, mettant le personnel des services d'urgence en première ligne de l'attention mondiale ; ni que ces travailleurs/euses perdraient inutilement la vie en service par manque d'équipements de protection individuelle (EPI).
David Boys
Les budgets d'austérité consécutifs à la crise financière mondiale de 2008 avaient réduit les rangs des services sociaux et de santé, et épuisé les stocks de fournitures médicales. Dans de nombreux cas, les gouvernements ont plafonné ou même réduit les salaires déjà bas du personnel de santé, dont la majorité sont des femmes. Cette situation, conjuguée à la pénurie de personnel, a créé un environnement de travail toxique, où de nombreux employé-e-s sont partis, stressés et épuisés.
La migration sanitaire est devenue une stratégie clé pour de nombreux services de santé, en fait une fuite des cerveaux des pays en développement, qui ont formé ces travailleurs/euses, pour les voir ensuite partir vers les pays riches. Le résultat de tout cela est que plusieurs milliers de personnes sont mortes de la Covid-19.
La définition du personnel des SPU est plus large que celle des premiers intervenant-e-s des services d'incendie, de police, d'ambulance et des technicien-ne-s médicaux d'urgence.
La stratégie de l'ISP, en vue de la réunion de 2018, consistait à relier les SPU aux besoins des communautés, là où nos membres vivent et travaillent. Ainsi, d’après une recommandation importante, les SPU ne devraient pas être privatisés (paragraphe 35 : « Les SPU ont une nature publique extrêmement forte et ne devraient en principe pas être privatisés ou sous-traités »), et il est dit que les SPU ne devraient pas être soumis à l'austérité fiscale (paragraphe 33) ; et que le personnel des SPU devrait effectuer des simulations avec les communautés dans le cadre de leur formation.
La définition du personnel des SPU est plus large que celle des premiers intervenant-e-s des services d'incendie, de police, d'ambulance et des technicien-ne-s médicaux d'urgence. Elle inclut désormais les travailleurs/euses des services publics, des collectivités locales et régionales, de la santé et des services sociaux. Ils/elles méritent tous une formation et des protections supplémentaires pour le moment où ils/elles seront impliqués dans les SPU, même si ce n'est pas leur fonction première. Les lignes directrices des SPU reconnaissent l'importance des mécanismes de dialogue social dans de nombreux domaines de prise de décision – les décisions sont plus solides si le personnel des SPU et leurs syndicats sont impliqués dès le départ.
Les gouvernements et les employeurs se sont mis d'accord sur des protections pour les travailleurs/euses. Il s'agit avant tout des Principes et droits fondamentaux au travail (paragraphes 25 et 26), qui signifient que le personnel des SPU ont le droit de s'organiser et de former des syndicats, et de négocier les conditions de travail. En outre, les lignes directrices indiquent que les « états d'urgence » ne doivent pas servir de prétexte pour restreindre ces droits (paragraphe 102). Cependant, c'est exactement ce que font de nombreux pays dans le cadre de la pandémie, en limitant les droits des travailleurs/euses (et d'autres) afin de donner l'impression de maîtriser la situation.
Directives sur le travail décent dans les services publics d’urgence
Étant donné que de nombreux SPU sont considérés comme des « services essentiels », les travailleurs/euses qui se voient refuser le droit de grève doivent bénéficier de mécanismes impartiaux de résolution collective des conflits (paragraphe 105). Il s'agit là d'une reconnaissance implicite du droit de grève, qui est attaquée à l'OIT depuis quelques années. Le personnel des SPU a également le droit de refuser un travail dangereux et le droit à des outils et à une formation adéquats, tels que des exercices sur le terrain – y compris avec la communauté.
L'ISP a réussi à faire adopter un texte détaillé sur les équipements de protection individuelle (EPI), qui constituent l'ultime barrière empêchant les blessures ou la mort des travailleurs/euses des SPU – alors que toutes les autres méthodes ont échoué (section D). Les employeurs des SPU doivent fournir l'EPI approprié en fonction du risque, et entretenir cet équipement, sans frais pour le personnel des SPU. Pendant la pandémie, cela s'est avéré être le talon d'Achille de nombreux systèmes de santé, car les gouvernements ont abandonné l'idée de maintenir des stocks en réserve – trop coûteux – et où les capacités de production ont été externalisées à certains endroits en aval de la chaîne d'approvisionnement mondiale.
Les lignes directrices établissent une nouvelle norme pour les volontaires des SPU : même s'ils/elles ne sont pas des employé-e-s des SPU, ils/elles sont des travailleurs/euses et doivent bénéficier des principes et des droits fondamentaux au travail. Toutefois, « aucun volontaire ne doit être invité à effectuer un travail ou une activité qui ne soit pas en rapport avec la formation qu'il a reçue et pour laquelle il a été jugé compétent. » (paragraphe 122). En outre, « [l]e recours à des volontaires ne doit pas nuire à la coordination des SPU, ni remplacer le personnel des SPU, ni porter atteinte aux salaires ou aux conditions de travail des autres travailleurs/euses du SPU, ni être utilisé pour justifier le manque de personnel ou le sous-financement des SPU ».
Ces directives devraient être utilisées par les syndicats pour :
Rendre le lieu de travail plus sûr
Encourager le dialogue social avec les employeurs de SPU et les gouvernements
Renforcer les syndicats
Protéger et recruter les volontaires
Bloquer la privatisation
Collaborer avec les communautés pour être mieux préparé