Garantir la santé des populations nigériennes est une obligation constitutionnelle à laquelle aucun régime ne peut se dérober. Le droit à la santé est un droit humain fondamental inscrit dans la Constitution, Article 12 « Chacun a droit à la vie, à la santé, à l'intégrité physique et morale, à une alimentation saine et suffisante, ... », mais la réalité est pour le moment toute autre.
Comms
Les faibles ressources et l'insuffisante priorité accordée à la santé par le gouvernement en dépit de ressources disponibles compliquent plus encore le quotidien de 20 millions de personnes dans notre pays enclavé dans la sous-région d'Afrique occidentale. La part allouée au secteur de la santé n'a jamais dépassé les 10 % du budget annuel. Le système de santé publique s'en trouve aujourd'hui très affaibli.
Le gouvernement nigérien a récemment adopté une Politique quinquennale de développement sanitaire (PNS). Elle implique plusieurs programmes, plans et projets en apparence voués à améliorer l'état de santé des populations.
Le gouvernement et les autorités de santé ont rapporté quelques réalisations dans la mise à disposition des infrastructures sanitaires. Mais celles-ci sont nettement insuffisantes. Et les conditions de travail dans le secteur de la santé restent déplorables malgré les réalisations dont l'État se félicite.
Certes quelques centres de santé ont été construits, mais ils manquent cruellement de personnel qualifié. 90 % des travailleuses et travailleurs sociaux et des agents de santé sont contractuels ou bénévoles. Les patient-e-s s'entassent dans les salles de soin et les services ambulatoires sont quasi inexistants. Les populations ne font donc plus confiance aux centres de santé.
Et pour ne rien arranger, le gouvernement s'investit de moins en moins dans la mise à disposition des services sanitaires, laissant toujours plus la main au secteur privé. Pourtant la grande majorité de la population, en situation de pauvreté, n'est pas en mesure de payer les soins. Nombreux sont ceux qui n'ont d'autre solution que de recourir à l'automédication ou de faire appel à des guérisseurs, avec tous les dangers que ces approches peuvent comporter.
Cette situation est particulièrement grave dans les zones rurales, lieu de vie de la plupart des Nigériens. Beaucoup de femmes souffrent d'hémorragies mortelles pendant ou après l'accouchement dans ces régions parce qu'elles ne peuvent contacter les services de santé.
Certains actes médicaux sont supposés être gratuits, notamment pour les femmes et les enfants. Mais cela n'a pas de sens puisque les équipements médicaux de base et les médicaments manquent. En conséquence, on revient sur certaines avancées en matière de santé obtenues il y a une dizaine d'années, telles que la baisse de la mortalité infantile.
Les syndicats, affiliés de l'ISP en premier plan, et les organismes de société civile continuent d'appeler le gouvernement du Niger à s'attacher davantage à réorganiser le secteur de la santé dans les faits plutôt que dans les discours. Mais cela n'a pour le moment aucun effet.
Plusieurs organismes et partenaires internationaux, dont l'Organisation mondiale de la Santé, ont également émis des recommandations auprès du gouvernement en cause, en soulignant notamment l'importance d'un budget santé couvrant au minimum 15 % du budget national et 8 % du budget des autorités locales. Le gouvernement fait pour l’instant fi de ces suggestions. Le système de santé publique poursuit ainsi sa descente aux enfers due à l'insuffisance des ressources matérielles, humaines et financières.
Alors, au-delà des discours sur les réalisations propagandistes, les autorités au plus haut niveau de l’État doivent accorder l'absolue priorité aux questions de santé afin de garantir aux citoyen-ne-s leur droit légitime à la santé.
La santé n'a pas de prix, mais a un coût !