entretien avec la Secrétaire générale de la CGT "L’austérité et la paupérisation des services publics dans les territoires sont le carburant de l’extrême droite"
Pour Sophie Binet, Secrétaire générale de la CGT, il existe une relation intrinsèque entre la lutte pour des services publics de qualité et l'affaiblissement de l'extrême droite comme alternative de pouvoir
Daria Cibrario
Dans un entretien avec Collettiva.it, la revue de la confédération syndicale italienne CGIL, Sophie Binet, Secrétaire générale de la CGT française, explique comment l’austérité est le carburant de l’extrême droite, en particulier quand cela se traduit en coupe claire des services publics.
"Nous constatons que l’extrême droite prospère sur le déclassement et la paupérisation des populations, sur le fait qu'avec son salaire, on ne peut plus vivre de son travail, que l’industrie en France n’a jamais été aussi faible et pas autonome en matière de production et que nos services publics sont de plus en plus paupérisés. Dès que les ménages en ont les moyens, ils se tournent vers le privé (pour la santé, l’éducation…) et nous avons désormais des déserts de services publics qui progressent dans tous les territoires. (…) C’est évident que les politiques d’austérités sont le carburant de l’extrême droite, c’est un cercle vicieux ".
Sophie explique dans la même interview qu'en France, le budget du gouvernement peut être passé de force sans vote du Parlement et le seul moyen qui reste aux député.e.s dans ce cas pour empêcher des restrictions budgétaires est de faire tomber le gouvernement.
Et que, face au gouvernement minoritaire Barnier voulu par E. Macron, la CGT a trois revendications majeures : l’augmentation des salaires ; l’abrogation définitive de la réforme des retraites (également passée sans vote parlementaire le 14 avril 2023) ; et des moyens adéquats pour les services publics.
La Secrétaire générale de la CGT explique ensuite que le déficit en France est très important, mais pas parce que beaucoup d’argent a été donné aux services publics. Le déficit public est important parce que le gouvernement Macron a multiplié les cadeaux pour les plus riches. Il a baissé les impôts de 73 milliards d’Euros par an pour les plus aisés et pour les plus grandes entreprises.
"Pour résoudre cette crise budgétaire, il suffirait d’annuler ces baisses d’impôt pour re-établir les comptes, mais le gouvernement préfère couper dans les dépenses publiques."
Sophie participait à un colloque sur l’austérité organisé par la CGIL à Rome intitulé « Non à l’austérité. Pour une Europe des droits, du travail et de la solidarité ».