La santé en Afrique du sud - #NoToXenophobia

Lors de son allocution à la réunion du syndicat national sud-africain de la santé (NEHAWU) en novembre, le ministre sud-africain de la Santé, M. Aaron Motsoaledi a déclaré que le système de santé du pays était surchargé à cause des étrangers. Jouer la carte xénophobe est un jeu dangereux destiné à détourner l'attention des véritables défis que rencontre le système de santé : financement inapproprié, mauvaise gouvernance et inégalités sociales marquées qui renforcent l'iniquité en matière de santé.

L'Internationale des Services Publics (ISP) défend l'accès à des soins de santé de qualité comme droit humain fondamental. Il n'est pas possible de conditionner les droits humains à la citoyenneté. Au fil des années, l'Afrique du Sud est devenue l'un des leaders en Afrique et dans le monde dans la défense de la « Santé pour tous ». La déclaration de M. Motsoaledi est donc un pas un arrière qui doit être condamné.

Ainsi que le souligne Shenilla Mohamed, Directeur exécutif d'Amnesty International en Afrique du Sud, M. Mostoaledi essaye de stigmatiser les migrant-e-s au lieu de prendre les mesures urgentes qui amélioreraient l'accès à des soins de santé de qualité, abordables pour tous, en Afrique du Sud. Il s'agit d'une manifestation de mépris à l'égard de plusieurs accords internationaux signés par le gouvernement sud-africain, dont le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention relative aux droits de l'enfant.

Le vice-protecteur public d'Afrique du Sud, M. Kelvin Malunga, a justement souligné le fait que le ministre de la santé avait fait une « déclaration désespérée parce qu'il n'avait pas réussi à résoudre les problèmes généraux » en matière de santé publique.

Cette déclaration est d'autant plus inquiétante que le gouvernement sud-africain se trouve actuellement en pleine élaboration d'un plan national d'assurance maladie (NHI). La loi nationale sur l'assurance maladie, publiée au journal officiel, limite les droits des réfugié-e-s et des demandeurs/euses d'asile aux services de santé d'urgence, aux services relatifs à des maladies à déclaration obligatoire intéressant la santé publique et aux services pédiatriques et maternels dispensant des soins de base. Les migrant-e-s sans papiers sont exclus de toute forme de soin dans cette loi, ce qui reflète bien la mentalité exprimée par M. Motsoaledi.

L'ISP a soumis un mémorandum sur ces questions et d'autres points importants de la loi sur le NHI. L'une des conditions principales à la réalisation de la santé pour tous est le principe d'universalité de l'accès aux services publics. Elle nécessite de renforcer les prestations de santé publique et non de discriminer les migrant-e-s, dont une large part contribue significativement à la croissance et au développement de l'économie sud-africaine.