La force du nombre dans le mouvement des travailleurs au Tchad

Syndicalisation et croissance

Actuellement au Tchad, les syndicats du secteur public sont confrontés à d’énormes difficultés plus dures à surmonter en raison du fait qu’ils ne maîtrisent pas les données sur leurs effectifs en temps réel.

Pour améliorer la situation en vue de renforcer le mouvement des travailleurs au Tchad, la Fédération des Syndicats du Secteur Public du Tchad (FSPT), membre affiliée á l’Internationale des Services Publics (ISP), a lancé une campagne pour la cartographie, la mobilisation et le recrutement des militants et militantes des syndicats du secteur public du Tchad en juin.

La campagne durant trois mois et menée à N’Djamena concerne les sept syndicats de la FSPT.

Au pays, les hommes constituent actuellement la majorité des membres des syndicats, dominent les instances dirigeantes et occupent les trois quarts des principaux postes de leadership à l’échelle nationale (y compris les cinq premiers).

Cependant, les femmes sont majoritaires mais n’y occupent qu’environ un tiers des postes de leadership. À cela s’ajoute la faible implication des femmes dans l’activité syndicale en général qui est liée en grande partie à des raisons socioculturelles.

L’implication des jeunes dans les activités demeure également assez faible – les personnes âgées de plus de 35 ans constituent la grande majorité des membres.

Chiffres Clés

3/4 des hommes

occupent les principaux postes de leadership à l’échelle nationale

1/3 des femmes

occupent des postes de leadership - malgré le fait qu'elles soient majoritaires

35+ ans

est l'âge minimum de la majorité des membres des syndicats

Dans le domaine du suivi des membres et de la gestion des effectifs, les syndicats du Tchad ont enregistré, au cours des cinq dernières années, quelques adhésions mais pas de désertions, sauf pour cas de décès. Ils disposent d’un système d’enregistrement des adhésions mais rien en ce qui concerne les désertions.

La maitrise des effectifs dans un syndicat détermine sa capacité de mobilisation.

Des recherches préliminaires effectuées, il en ressort de plus près des faiblesses relatives à :

  • La prolifération des syndicats, ce qui a pour conséquence la multiplicité des points de décision et la difficulté à rendre cohérente l’ensemble de l’action syndicale 
  • La faible capacité de mobilisation de ressources et le manque d’autonomie financière
  • Le manque de transparence et de bonne gouvernance dans la gestion des syndicats, dû à l’insuffisance d’alternance dans les structures dirigeantes
  • La faible capacité d’anticipation des événements et la lenteur des consultations avec la base
  • L’attitude de méfiance du gouvernement qui perçoit quelques fois les organisations syndicales comme des opposants politiques, ce qui a comme conséquence des intimidations et des arrestations arbitraires des dirigeants syndicaux
  • La vulnérabilité des organisations syndicales liée à la faiblesse des ressources propres et à la précarité des conditions de vie des travailleurs
  • L’incapacité des syndicats à conforter l’adhésion conséquente des jeunes pour assurer la relève
  • Le manque d’un système efficace de communication capable de mobiliser de manière permanente les membres, d’organiser des relations nouvelles, de développer la dynamique de groupe et la confiance des partenaires

Quatre réunions préparatoires sur la campagne ont eu lieu en juin et en début-juillet avec pour but d’analyser des enjeux existants pour une redynamisation effective des syndicats du secteur public du Tchad.

Subséquemment, un atelier a été organisé pour faire la cartographie des syndicats d’une part, et d’identifier les stratégies de mobilisation dans l’action syndicale d’autre part.

Essentiellement, la démarche est de mener une campagne de sensibilisation et de recruter par la suite de nouveaux militants dans les syndicats. En principe, le recrutement prend en compte les syndicats de base, leurs sections, et leur sous-sections sur le territoire national pour certains. Les recruteurs sont les militants déjà formés pour conduire la campagne dans leurs syndicats. Ceux-ci sont accompagnés par les leaders desdits syndicats afin de faire le recrutement des membres.

Dans le monde syndical, la vigueur des travailleurs est plus ressentie quand ces travailleurs présentent leurs demandes en masse, soulèvent des points clairs et factuelles, et incluent tous les acteurs possibles dans la recherche de solutions.

L’adhésion aux organisations syndicales est motivée essentiellement par les objectifs poursuivis par ces organisations (parmi lesquels la défense des intérêts communs des travailleurs), les prestations de services, et les résultats obtenus à travers les actions. Il va de soi que les potentialités et opportunités dans les syndicats imposent le développement de stratégies efficaces afin d’y faire face. Le mouvement des travailleurs est aussi encore plus fort avec l’inclusion et l’égalité.