"Il est temps de donner la priorité à la santé mentale sur le lieu de travail".

Le thème de la Journée mondiale de la santé mentale de cette année ne pourrait être mieux choisi comme appel à l'action. C'est un appel auquel les 30 millions de femmes et d'hommes qui travaillent dans le monde entier et qui sont uni.e.s par l'ISP s'identifient fortement. Nous avons d'ailleurs insisté sur ce point à plusieurs reprises.

Le 10 octobre, le monde entier célébrera la Journée mondiale de la santé mentale, sur le thème"Il est temps de donner la priorité à la santé mentale sur le lieu de travail". Il s'agit d'un appel à l'action pertinent auquel s'identifient les 30 millions de femmes et d'hommes qui travaillent et que l'Internationale des Services Publics (ISP) rassemble dans le monde entier. C'est d'ailleurs un point que nous avons souligné à maintes reprises.

La santé mentale ne se résume pas à l'absence de troubles mentaux.

En effet, la santé mentale de ces travailleurs.euses, qui nous fournissent des services publics à tous.tes, dans tous les secteurs, a été gravement compromise au cours des dernières décennies par le stress lié au travail, les facteurs de risque psychosociaux et l'impact des politiques socio-économiques néolibérales sur nous en tant que travailleurs.euses. C'est précisément la raison pour laquelle la priorité accordée à la santé mentale sur le lieu de travail doit tenir compte de la nécessité de changements fondamentaux qui placent les personnes au-dessus des profits, tant sur le lieu de travail que dans la société en général.

Comme le souligne l'Organisation mondiale de la Santé dans ses lignes directrices sur la santé mentale au travail, "la santé mentale ne se résume pas à l'absence de troubles mentaux. La santé mentale est plutôt un état de bien-être mental qui permet aux personnes de faire face aux contraintes de la vie, de réaliser leurs capacités, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de leur communauté".

Il apparaît clairement que la précarité croissante du travail, en particulier dans les secteurs publics qui se targuaient autrefois de la sécurité de l'emploi dans de nombreux pays, suffit à saper la santé mentale et le bien-être des travailleurs.euses. Lorsque cette situation interagit avec les facteurs de risques psycho-sociaux et les dangers, elle devient une situation explosive qui doit être traitée concrètement avec un sens aigu de l'urgence.

L'Organisation mondiale de la Santé souligne également que la pandémie de COVID-19 a montré le rôle essentiel des travailleurs.euses de la santé et des soins dans la "prise en charge de la population mondiale" d'une part. Mais d'autre part, malgré des applaudissements qui sonnent faux à la fin, les décideurs politiques et les employeurs "ont largement manqué" à leur "devoir de diligence à l'égard de ces travailleurs.euses essentiel.le.s, notamment en ce qui concerne leur santé mentale et leur bien-être".

Cette situation désastreuse doit changer. En tant que travailleurs.euses, nous n'allons pas simplement nous asseoir et espérer que les gouvernements et les employeurs se réveillent et prennent conscience de leur devoir de diligence. Nous devons mettre à profit notre pouvoir d'analyse et de lutte pour provoquer les changements nécessaires. C'est pourquoi l'ISP a demandé à son Unité de recherche internationale sur les services publics (PSIRU), basée à l'Université de Greenwich, de réaliser l'année dernière une étude sur la santé mentale et les soins de santé dans le secteur public, avec des études de cas internationales.

Ses conclusions établissent que :

"Il existe une relation entre l'augmentation des problèmes de santé mentale et du stress lié au travail au sein du personnel de santé au niveau mondial et l'imposition de politiques néolibérales, telles que les réformes du secteur public, la privatisation, la réduction des dépenses publiques et le sous-investissement dans les services publics. Ces réformes entraînent une baisse des salaires réels et une détérioration des conditions de travail, des problèmes de recrutement et de fidélisation des travailleurs.euses du secteur public, ce qui affecte ensuite la qualité des services publics".

Les facteurs socio-économiques sous-jacents qui minent la santé mentale au travail sapent également la qualité des services publics apportés aux communautés que nous servons. Nous avons donc une cause commune pour nous unir et nous battre pour faire reculer la priorité donnée au profit sur la santé qui sous-tend le régime néolibéral sur le lieu de travail et dans la société.

Pour faire avancer la lutte en faveur de la santé mentale sur le lieu de travail, l'ISP continuera à remettre en question le " consensus " néolibéral mondial et ses moteurs au niveau international. Au niveau national, nous soutiendrons les affiliés de l'ISP pour qu'ils prennent des mesures concernant les salaires et la sécurité de l'emploi, la dotation en personnel sûr et efficace pour la santé et les soins, l'augmentation des places de formation et le soutien aux stagiaires, la législation sur la santé et la sécurité au travail (SST), la réglementation et la formation sur les risques psycho-sociaux, et l'harmonisation de la législation sur la SST.