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23 juin - Journée mondiale des Services publics Ignorer les demandes des travailleurs.euses de la santé condamnera la reprise post-Covid
Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des Services publics, l'ISP lance "Derrière le masque" - un documentaire interactif en ligne qui révèle non seulement les liens entre la vie personnelle des travailleurs.euses et les choix politiques qui ont exacerbé cette crise, mais présente également les profonds changements politiques nécessaires pour améliorer les conditions et se préparer aux défis futurs.
Rosa Pavanelli
Chacune des 6 millions de vies perdues à ce jour à cause de la pandémie de Covid-19 est une tragédie humaine. Pourtant, d'innombrables autres vies ont été sauvées grâce aux efforts désintéressés de nos travailleurs.euses de première ligne, en particulier dans les services de santé et de soins, où les conditions de travail ont causé de nombreux décès inutiles parmi le personnel.
Ces conditions brutales ne sont pas inévitables - elles sont le résultat direct des choix politiques des gouvernements : sous-financement des systèmes de santé, manque de ressources dans les hôpitaux et manque de personnel dans nos services de première ligne. Pour honorer leurs sacrifices et faire en sorte que l'histoire ne se répète pas (comme ce fut le cas avec Ebola), nous devons veiller à ce que les travailleurs.euses de première ligne participent à l'élaboration des plans de reprise post-Covid-19 aux niveaux local, national et mondial.
C'est pourquoi aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des Services publics, l'ISP lance "Derrière le masque". Ce documentaire interactif en ligne révèle les liens entre la vie personnelle des travailleurs.euses et les choix politiques qui ont exacerbé cette crise - ainsi que les profonds changements politiques nécessaires pour améliorer les conditions et se préparer aux défis futurs.
La première de ces histoires, disponible dès maintenant, suit Trish, une infirmière zimbabwéenne emprisonnée pour avoir organisé une manifestation contre le manque d'EPI dans son hôpital. Elle n'est qu'une des centaines de milliers de travailleurs.euses qui ont pris des mesures pour exiger un système plus équitable respectueux de leurs droits.
Regardez Derrière le masque
Notre nouveau documentaire interactif en ligne présentant les travailleurs.euses de première ligne du monde entier
Découvrez la première histoirePourtant, dans le monde entier, les dirigeants politiques qui applaudissaient autrefois les travailleurs.euses comme Trish poursuivent des politiques qui rendront leur vie encore plus difficile. Plus de 80 pays vont mettre en œuvre des mesures d'austérité au cours de l'année à venir, exposant plus de deux milliards de personnes aux conséquences socio-économiques brutales des coupes dans les services publics et sapant la préparation aux pandémies.
Pendant ce temps, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Commission européenne ont complètement fait échouer la proposition de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de suspension des droits de propriété des brevets pour les vaccins et les fournitures vitales.
Au cours de l'année à venir, 80 pays vont mettre en œuvre des mesures d'austérité
Cette dérogation, soutenue par plus de 100 pays, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les professionnel.le.s de la santé du monde entier, aurait permis d'augmenter la production et de mettre fin à l'apartheid en matière de vaccins. Selon George Poe Williams, infirmier au Liberia, "leur décision de donner la priorité aux profits monopolistiques des entreprises pharmaceutiques signifie que nous, travailleurs.euses de la santé, devrons attendre encore plus longtemps pour assurer la sécurité de nos communautés."
L'incapacité de l'OMC à trouver une solution significative sur les brevets relatifs aux vaccins démontre que les grandes questions de santé ne peuvent être régies en toute sécurité par une organisation dédiée à la promotion du libre-échange. C'est pourquoi nous devons porter notre attention sur le processus émergent du Traité sur les pandémies de l'OMS. Il s'agit d'une véritable chance pour les travailleurs.euses de faire entendre leur voix dans l'élaboration de nouvelles normes mondiales en matière de santé et d'un système de gouvernance mondiale plus solide qui donne la priorité aux personnes et à la planète avant les profits privés. En collaboration avec des syndicats du monde entier, nous avons élaboré cinq revendications du personnel soignant dans le cadre de l’élaboration du Traité sur la pandémie. Chacun de ces points stratégiques est essentiel pour que nous tirions les leçons de cette pandémie:
1. Soins de santé publics universels
Les gouvernements doivent fournir des soins de santé de qualité à chacun.e en tant que service public, indépendamment de la capacité de paiement. C'est essentiel pour la préparation aux pandémies et pour assurer notre sécurité à tous.
2. Une meilleure dotation en personnel, de meilleures conditions de travail
La formation et l'emploi rapides d'un plus grand nombre de personnels de santé sont essentiels pour créer des lieux de travail plus sûrs. De meilleurs salaires et conditions d'emploi sont nécessaires pour développer l'emploi dans le secteur et réduire la perte de professionnel.le.s qualifiés des pays en développement vers le Nord global.
3. Renforcer les stocks de produits de santé et des chaînes d'approvisionnement
Les gouvernements doivent constituer de meilleurs stocks d'équipements et de fournitures sanitaires essentiels, notamment en favorisant la production locale et en réformant les chaînes d'approvisionnement mondiales.
4. Suspendre les brevets sur les fournitures et les médicaments vitaux
Tous les gouvernements doivent être assurés du droit de suspendre les droits de propriété intellectuelle sur les produits vitaux en cas de crise sanitaire, afin que les droits de propriété des brevets ne freinent pas la production.
5. Remodeler l'économie mondiale pour obtenir des résultats en matière de santé
Les gouvernements doivent soutenir les budgets de santé publique en travaillant ensemble pour mettre fin à l'évasion fiscale des entreprises. Les institutions financières internationales doivent annuler les dettes odieuses et mettre fin aux conditions des prêts au développement qui limitent les investissements dans les services publics de qualité.
Un autre monde est possible
Bien que ces changements soient essentiels, urgents et - dans de nombreux cas - évidents, les réussir ne sera pas facile. Une grande partie de l'élite mondiale s'est enrichie grâce à cette pandémie et espère que le public se détournera de cette crise et ignorera ses causes profondes. Ils profitent également de l'économie du carbone qui alimente la crise climatique. Le système néolibéral dont ils dépendent creuse les inégalités sociales et alimente les conflits violents dans le monde.
De plus en plus, les secouristes urgentistes sont appelés à travailler dans des circonstances de plus en plus difficiles. Ces travailleurs.euses ont également besoin de plus de personnel, de meilleurs outils et d'une meilleure formation.
La pandémie mondiale a plongé des millions de personnes dans l'extrême pauvreté et la crise climatique croissante ne fait qu'exacerber cette dangereuse tendance. De plus en plus, les travailleurs.euses des services publics d’urgence sont appelés à travailler dans des circonstances de plus en plus difficiles. Ces travailleurs.euses ont également besoin de plus de personnel, de meilleurs outils et formations, et de services publics plus forts pour coordonner, anticiper et réagir.
Les choses ne doivent pas nécessairement se passer ainsi. Il est possible de mettre en place des services publics de qualité, bien financés et accessibles à tous et toutes, y compris des soins de santé universels. Mais cela nécessite des réformes profondes des systèmes mondiaux, y compris des règles sur la fiscalité et le commerce, sur les chaînes d'approvisionnement mondiales de production et de consommation, et plus encore.
Mais ceux qui en profitent ne veulent pas voir de changements dans notre système fiscal qui pourraient les obliger à payer une juste part de leurs bénéfices en cas de pandémie ou un impôt mondial minimum sur les sociétés pour financer les services de santé.
Ils ne veulent pas que les gouvernements remettent en cause leurs brevets monopolistiques sur les vaccins qui sauvent des vies (dont la plupart ont été financés par des fonds publics en premier lieu).
Ils ne veulent pas d'un monde où nous, les travailleurs.euses, sommes capables de façonner les politiques qui affectent nos vies professionnelles.
Ils ne croient pas qu'un autre monde soit possible. Nous si.
Mais nous ne pouvons pas le faire seul.e.s. Vous avez applaudi pour le personnel soignant. Maintenant, nous avons besoin de vous pour agir en faveur des travailleurs.euses de première ligne et de la planète. Il est temps de dire à nos politiciens d'écouter les voix qui comptent le plus : celles qui ont le plus donné. En ignorant les travailleurs.euses de première ligne, nous répéterons nos erreurs. En les écoutant, nous pouvons faire de ce monde plus sain, plus sûr et plus juste une réalité.