Haïti: L'ISP appelle à la propriété et au contrôle publics de l'énergie

La nomination d'un nouveau directeur général à la compagnie nationale d'électricité en Haïti a précipité l'action de protestation de la Fédération des travailleurs et travailleuses de l'électricité - FESTRED, un syndicat membre de la Confédération des Travailleurs et Travailleuses des Secteurs Public et Privé (CTSP), affilié à l'ISP. La réaction musclée de l'État - présence policière, menaces et intimidations - a menacé la vie et les moyens de subsistance des travailleurs et travailleuses.

Rosemonde Sterlin Adrien, Présidente de la fédération, déclare : "C'est un problème national. Il ne concerne pas seulement les travailleurs et travailleuses d'ED'H." Elle ajoute: "Le problème est en relation avec Michel Présumé qui a liquidé Téléco, la Minoterie d'Haïti, etc".

Pendant de nombreuses années, Electricité d'Haïti (ED'H) a lutté pour fournir un service de qualité au peuple haïtien, en particulier à Port-au-Prince. L'organisme d'État est très endetté et manque d'investissements. L'équipement est obsolète et les travailleurs et travailleuses sont soumis à une pression constante pour fournir des services de qualité à la population, bien qu'ils n'aient pas les ressources nécessaires pour le faire.

Le plan est le même, partout observé: démolir le service public, détruire les syndicats des services publics et ensuite privatiser le service - progressivement.

Le gouvernement d'Haïti a conclu des accords avec Taiwan pour investir dans la production et la distribution d'énergie. Cela comprend la construction de centrales électriques dans les principales banlieues de Port-au-Prince ainsi que dans d'autres grandes villes du pays. Certaines centrales fonctionneront au gaz naturel et d'autres utiliseront des panneaux solaires photovoltaïques. Le recouvrement des recettes est faible, et ayant identifié la commercialisation comme un problème, le gouvernement prévoit de faire appel à des opérateurs privés.

À l'heure où Haïti, comme d'autres pays, est aux prises avec la pandémie de Covid-19, de nombreuses personnes dans le monde entier - tant dans les pays développés que dans les pays en développement - ont reconnu et saluent le rôle important du secteur public et des services publics pour aider la population à survivre et à faire face à la situation. Les travailleurs et travailleuses de l'ED'H sont essentiels, surtout en cas d'urgence publique. Ils sont indispensables, notamment en temps de crise. La pandémie montre que le secteur privé ne sait pas gérer l'ampleur des interventions dont les pays ont besoin dans les situations d'urgence. Les entreprises privées se concentrent uniquement sur les profits.

En mai, le conseil d'administration du FMI a approuvé l'allègement immédiat du service de la dette de 25 pays membres dans le cadre du Fonds fiduciaire pour l'endiguement et l'atténuation des effets des catastrophes (CCRT), qui a été remanié, en réponse du Fonds à l'impact de la pandémie COVID-19. Haïti est l'un de ces pays. L'allègement de la dette n'est pas la solution. L'ISP demande l'annulation de la dette. L'allègement du service de la dette ne fait qu'enfoncer le clou. Et quel est le prix de cet allègement ?

Le plan est le même, partout observé: démolir le service public, détruire les syndicats des services publics et ensuite privatiser le service - progressivement. Les conséquences font que le public souffre, tandis que les actionnaires récoltent tous les profits.

Tout plan de restructuration du secteur énergétique en Haïti doit garantir la propriété et le contrôle publics. Dans le même temps, les représentants des travailleurs et travailleuses doivent faire partie intégrante des décisions et des actions visant à fournir des services publics de qualité à la population d'Haïti. L'ISP condamne les récentes menaces et attaques contre les travailleurs et travailleuses de l'ED'H et en particulier les membres de la FESTRED'H, alors qu'ils exerçaient leurs droits démocratiques pour affirmer et défendre leurs droits humains et syndicaux.

L'Internationale des Services Publics (ISP) se joint à nos affiliés en Haïti, la CTSP et la FESTRED, dans leur lutte acharnée contre la privatisation et pour la restitution du pouvoir au public. L'énergie doit rester entre les mains du public.

La CTSP et la FESTRED continueront à exiger le dialogue social et la négociation collective pour s'assurer que les travailleurs, les travailleuses et les employeurs prennent les meilleures décisions dans l'intérêt des communautés dans lesquelles ils vivent et travaillent.

L'accès universel à des services publics de qualité est le fondement du développement durable.