Article 177 Grève nationale des services publics de distribution en Italie
Les travailleurs/euses italien-ne-s des services de l'eau, de l'électricité, du gaz et de la gestion des déchets se sont mis en grève nationale aujourd'hui pour demander au gouvernement et au Parlement italiens de modifier substantiellement l'Article 177 du Code des marchés publics révisé qui consacre la règle injuste de sous-traitance obligatoire dans la loi sur les marchés publics.
Daria Cibrario
L'Article, qui oblige les entreprises de services publics de distribution à externaliser et à sous-traiter 80 % de toutes leurs activités internes, y compris les contrats d'emploi direct, met en danger des milliers d'emplois de qualité, provoquant une flambée du travail précaire à un moment de crise socio-économique dramatique pour les ménages et les communautés italiennes.
L'Article [...] met en danger des milliers d'emplois de qualité, provoquant une flambée du travail précaire à un moment de crise socio-économique dramatique pour les ménages et les communautés italiennes.
La règle oblige également les entreprises de services publics de distribution à se scinder et à dégrouper leurs activités, provoquant une fragmentation des services qui va multiplier les coûts de transaction, augmenter les factures des usagers, détériorer la qualité et la maintenance des services publics locaux vitaux et détériorer nettement les conditions de travail.
Dans une déclaration commune, les syndicats représentatifs CGIL FP, CISL FIT et UILTrasporti ont déclaré: "cette règle va avoir un impact majeur sur le coût économique, en forçant les entreprises à démanteler rapidement leur service par des appels d'offres à bas prix. Elle entraînera également des coûts sociaux importants car elle provoquera des pertes d'emplois massives et fera sortir les travailleurs/euses de la couverture des conventions collectives du secteur des services publics".
Si elle n'est pas modifiée, la règle d'externalisation obligatoire de 80 % contenue dans l'Art. 177 va faire payer un lourd tribut au secteur italien des services de gestion des déchets, où les conditions de travail et la professionnalisation des métiers avaient évolué positivement ces dernières années grâce à l'engagement des travailleurs/euses et au travail acharné des syndicats malgré les conditions très difficiles du secteur.
L'Art 177 fait totalement fi du sacrifice des travailleurs/euses ces services publics vitaux et leur fait porter le poids de politiques pro-privatisation et idéologiquement biaisées
"Les travailleurs/euses des services d'hygiène environnementale ont joué un rôle crucial pendant le confinement, en protégeant sans relâche la santé publique et en éliminant efficacement l'augmentation exponentielle des déchets médicaux", déclare Massimo Cenciotti, Secrétaire national chargé des services environnementaux au syndicat CGIL FP affilié à l'ISP.
"Grâce à ces travailleurs/euses, la collecte des déchets s'est poursuivie sans interruption, les villes sont restées propres à tout moment et ont été protégées de toute nouvelle contamination" ajoute-t-il. "L'Article 177 fait totalement fi du sacrifice des travailleurs/euses ces services publics vitaux et leur fait porter le poids de politiques pro-privatisation et idéologiquement biaisées qui ne feront que générer davantage de précarité de l'emploi et d'exclusion socio-économique. Cette règle doit être supprimée maintenant" a conclu Cenciotti.
Commentant la grève nationale, Rosa Pavanelli, Secrétaire générale de l'ISP, a déclaré : "A une époque où la valeur inestimable de l'accès à des services publics de qualité est pleinement appréciée par le public, où chacun a conscience du sacrifice des travailleurs/euses en première ligne et où les communautés réintègrent leurs services en interne en raison des échecs évidents de la privatisation, le gouvernement et le Parlement italiens vont dans la direction opposée. L'Art. 177 doit être démantelé maintenant". "Exactement dix ans après le référendum qui a rejeté la privatisation des services publics, le gouvernement Draghi essaie à nouveau, comme si la volonté des Italiens - désormais renforcée par la reconnaissance de la valeur des services publics - n'était pas assez claire" a-t-elle ajouté.