France : Les travailleurs de la santé font la grève pour un meilleur système de santé

Le 14 novembre, les travailleurs de la santé et de l'action sociale de toute la France vont déclencher une grève générale nationale pour défendre le système public de santé et d'action sociale.

Elles exigent : le renforcement des effectifs, l’amélioration de la rémunération des travailleurs de la santé et de l'action sociale, l’augmentation du nombre de lits dans les hôpitaux publics et l’augmentation de 5 % de la ligne budgétaire de l'ONDAM, prévue par la loi de financement de la sécurité sociale 2020 (PLFSS).

La grève est l'aboutissement d'une série d'actions syndicales visant à faire comprendre la gravité de la situation et à exhorter le gouvernement à prendre les mesures nécessaires. Mais la réponse du gouvernement n'a guère réglé les problèmes.

En mai 2019, les personnels urgentistes de dizaines d'hôpitaux publics français ont organisé de courtes grèves pour protester contre les conditions de travail. Les urgences ont atteint un "point de rupture" en raison du manque de personnel, et le personnel urgentiste a poursuivi la vague de grèves pendant six mois.

Le 8 octobre, plus de 5 000 photos prises par des professionnel-le-s de la santé, montrant leurs conditions de travail, ont été collées devant le ministère de la Santé. À la suite de cela, la CFDT-Santé Sociaux a écrit à chacun des député-e-s et sénateurs. Des manifestations et des grèves d'avertissement ont suivi les 8 et 15 octobre, ainsi qu'une marche de protestation le 29 octobre devant le ministère de la Santé.

La France est considérée comme ayant l'un des meilleurs systèmes de santé au monde. Mais les travailleurs de la santé publique et les travailleurs sociaux qui constituent l'épine dorsale de la prestation de services de santé de qualité sont sous-payés. En outre, le système manque cruellement de personnel. On ne saurait trop insister sur les conséquences de cette situation pour les personnels de santé, la fatigue et l'épuisement professionnel devenant des phénomènes quotidiens pour de nombreux travailleurs. Cette situation ne peut plus durer.

La CFDT-SS a organisé une série d'enquêtes au cours des deux dernières années, sous la bannière Je Suis une Richesse, qui attire l'attention sur la place primordiale des travailleurs/euses sanitaires et sociaux dans le bon fonctionnement du système de santé.

Les enquêtes montrent à quel point les travailleurs/euses de la santé et des services sociaux sont devenus frustrés malgré leur passion pour leurs métiers de soins de santé aux patients, de soins aux personnes âgées et de service social aux enfants, aux jeunes et aux adultes. En raison d'une rémunération insuffisante et d'une surcharge de travail due à un manque de personnel, les jeunes ne sont plus attirés par les métiers de professionnels de santé.

En septembre, le gouvernement a réagi en annonçant qu'il consacrerait 750 millions d'euros aux services d'urgence des hôpitaux pour faire face à la surpopulation. Mais c'est trop peu et trop tard. Les coupes dans le financement des services sanitaires et sociaux au cours des vingt dernières années s'élèvent à plus de 8,4 milliards d'euros, le gouvernement s'étant engagé dans une consolidation fiscale dans le cadre de politiques néolibérales qui n'ont pas réussi à faire passer le peuple devant les profits.

L'impact de ces coupes a été monumental. Il y a maintenant 100 000 lits en moins, 95 unités d'urgence en moins et 50 % de maternités en moins dans le système de santé publique français. Il est temps maintenant d'inverser la tendance et d'assurer des investissements adéquats dans le système de santé public.

L'Internationale des Services Publics est solidaire de ses affiliés français dans leur lutte. C'est une lutte pour assurer une santé publique de qualité pour tous et contre le néolibéralisme. Les personnes ordinaires, les travailleurs de la santé et les patients souffrent lorsque les gouvernements promeuvent des politiques néolibérales. Le droit à des soins de santé publics de qualité a été entravé par deux décennies de primauté du profit au détriment de la population. C’en est assez, tel est le message de la grève du 14 novembre. Le gouvernement français doit répondre à l'appel de la raison et respecter les revendications syndicales d’amélioration du financement et de la dotation en personnel du système de santé publique.