Série de dossiers Dette et Covid : la reprise ne doit pas se faire au détriment des travailleurs/euses et des services publics
Alors que les travailleurs/euses du service public donnent tout pour sauver des vies, les dépenses publiques sauvent l'ensemble de notre système économique mondial de l'effondrement : elles sauvent des emplois, soutiennent les salaires et renflouent de nombreuses entreprises au bord du gouffre.
Bien que ces dépenses essentielles soient effectuées par nos gouvernements aujourd'hui, le débat sur la manière de gérer la dette générée par la crise Covid sera d'une importance vitale pour les syndicats et les travailleurs/euses dans la décennie à venir.
Nous devons faire tout notre possible pour éviter les erreurs de la crise économique de 2008 : après que les gouvernements aient contracté des milliards de dollars de dettes douteuses dans le secteur privé, les grandes entreprises ont profité de réductions d'impôts, de renflouements et de rachats, tandis que les travailleurs/euses étaient confrontés à des salaires gelés, à des saisies et à l'austérité qui a vidé notre secteur public. Nous devons éviter la catastrophe que les institutions financières internationales ont imposée à la Grèce : détruire la vie des gens, ainsi que tout espoir de reprise économique, avec une dévotion aveugle à une austérité discréditée.
Notre série de dossiers sur la dette et les travailleurs/euses
La crise actuelle met en évidence le besoin urgent de reconstruire un secteur public fort et résilient. Nos services publics, qui ont supporté un énorme fardeau en raison des réductions de dépenses et de la pandémie, doivent être renforcés par des augmentations expansives de financement et de soutien.
En attendant, l'OIT estimant jusqu'à 195 millions de pertes d'emplois liées à la Covid, nous devons étendre les programmes de sécurité sociale pour nous assurer que personne n'est laissé pour compte, et limiter la colère et l'aliénation justifiées qui ont contribué à alimenter l'extrême droite.
Pour financer ces programmes, il faudra plus qu'une simple dette : pour augmenter les recettes publiques, les grandes entreprises qui ont encaissé de grosses sommes depuis 2008 doivent être obligées de payer leur juste part grâce à un système fiscal mondial réformé. Faire en sorte que les multinationales et les mégariches contribuent au coût de la crise et de la reprise devrait être un objectif clé pour notre mouvement. Les entreprises technologiques, qui ont gagné des milliards en esquivant leurs impôts et en lésinant sur les droits de leurs travailleurs/euses et qui encaissent aujourd'hui de grosses sommes d'argent grâce à la fermeture de leurs portes, doivent figurer en tête de liste. Il est maintenant urgent de mettre en place des impôts sur la fortune pour garantir que ceux et celles qui ont profité de l'économie mondiale au cours des 20 dernières années paient leur juste part.
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Dette et travailleurs/euses
Après des décennies de déréglementation, de corruption, de privatisation et de réductions d'impôts pour les grandes entreprises, de nombreux pays – en particulier ceux du monde en développement – étaient déjà aux prises avec des dettes avant l'apparition du virus Corona. Selon le FMI, 34 pays risquaient déjà de se retrouver en situation de surendettement ou de défaut de paiement en 2019. La communauté internationale doit intervenir pour soutenir financièrement ces pays qui ne peuvent actuellement pas augmenter leurs dépenses sans s'endetter encore davantage.
Certaines mesures ont déjà été prises dans ce sens :
le FMI et la Banque mondiale accordent des prêts à plus de 100 pays pour faire face à la crise ;
le FMI a approuvé l'annulation du service de la dette de 25 pays pour une période de six mois ;
le G20 a annoncé une suspension du paiement du principal et des intérêts de la dette des pays en développement les plus pauvres jusqu'à la fin de l'année.
Toutefois, ces mesures ne sont ni durables ni efficaces pour résoudre les questions plus profondes de la dette des pays en développement. Nous devons plutôt soutenir les appels à un jubilé de la dette : une annulation de la dette odieuse et insoutenable et l'annulation de tous les paiements de la dette extérieure dus en 2020 et 2021. Cette annulation doit concerner tous les créanciers extérieurs, tant officiels que privés, et tous les pays à faible revenu. En outre, nous devons soutenir le financement d'urgence pour les pays en développement sous forme de dons plutôt que de prêts.
À long terme, les syndicats doivent soutenir un changement systémique de la gouvernance mondiale de la dette.
Nous devons cesser de faire passer les besoins des créanciers avant ceux des populations. Toute analyse du remboursement de la dette doit placer la réalisation des droits humains comme priorité essentielle. Nous devrions soutenir les appels en faveur d'un mécanisme de rééchelonnement de la dette qui devrait garantir la transparence, l'indépendance vis-à-vis des débiteurs et des créanciers, ainsi que la participation de toutes les parties prenantes au lieu des procédures ad hoc et opaques qui existent actuellement.
Nous ne pouvons pas revenir à la situation brisée et insoutenable qui régissait la dette et la fiscalité avant cette dernière crise. Les travailleurs/euses et les usagers/ères des services publics ne doivent plus supporter le poids de la restructuration de la dette. Aujourd'hui plus que jamais, les syndicats doivent être prêts à se battre pour un système de dette mondial plus juste et à faire en sorte que les riches et les entreprises paient leur juste part.
Cet article est mis à disposition (telecharger ici) sous Creative Commons pour tout syndicat qui souhaite partager des informations sur les questions de la dette avec ses membres. Nous encourageons les syndicats à le publier sur leur site web, à l'ajouter à leurs bulletins d'information ou à le publier dans les revues syndicales pertinentes. Pour de plus amples informations, veuillez contacter leo.hyde@world-psi.org