Journée mondiale des villes 2021 Des services publics proches de vous ? C’est grâce aux travailleurs.euses des administrations locales et régionales
La pandémie de Covid-19 a montré la valeur inestimable des services publics vitaux que les travailleurs.euses des administrations locales et régionales (ALR) apportent chaque jour aux villes, aux villages et aux communautés rurales. La prestation ininterrompue de services de santé, de soins, d'eau, d'assainissement, d'électricité, de transport, de déchets, de services funéraires, de logement et d'éducation a permis aux personnes de rester en sécurité, aux hôpitaux de traiter les patients et aux entreprises et aux institutions de fonctionner malgré la crise de santé publique.
Daria Cibrario
Le sous-financement des services publics locaux: l'autre pandémie mondiale
La pandémie de Covid-19 a également mis en lumière une autre pandémie mondiale meurtrière: le manque d'investissement dans les services publics locaux dans le monde entier, incarné par la "désertification des services" qui touche de nombreux territoires et communautés, notamment ruraux.
Des décennies marquées par le désinvestissement systématique, les politiques d’austérité, d'évasion fiscale, de privatisation, de "réforme" des collectivités territoriales et le choix de fournir certains services uniquement en version numérique ont causé des dégâts considérables et creusé les inégalités en sein de nos communautés. Ces politiques ont souvent caché le transfert de précieuses ressources publiques, nécessaires pour garantir un accès équitable à des services publics de qualité à tous.tes, au bénéfice des actionnaires. Pendant ce temps, les infrastructures et les services publics dans les pays en développement restent insuffisants ou inaccessibles, et nombreux d’entre eux paient davantage au service de leur dette qu'ils ne peuvent investir dans leurs services publics. Par exemple, les mesures d'austérité du Fonds Monétaire International (FMI) dans 15 pays ont empêché le recrutement de plus de 3 millions d'infirmières, d'enseignant.e.s et d'autres travailleurs.euses de services publics essentiels.
Pour les travailleurs.euses du secteur des ALR, cela se traduit par des nombres d’effectifs insuffisants, ce qui entraînent la surcharge de travail et l’épuisement. Cela signifie un manque d'équipement adéquat pour effectuer leur travail correctement, des risques de santé et la sécurité au travail (SST) et de mauvaises conditions de travail. Cette situation détourne de plus en plus de travailleurs.euses des emplois de services publics vitaux, y compris les soins infirmiers et à la personne si essentiels en cette période très critique. De nombreux syndicats des ALR dans le monde ont dû se battre pour obtenir les mesures de SST les plus élémentaires, des équipements de protection individuelle (EPI) et un accès prioritaire au vaccin Covid, comme les travailleurs.euses municipaux.les des services d'éducation, des déchets et des services funéraires de São Paulo qui ont dû faire des " grèves pour la vie ".
Il faut investir dans les services publics locaux et dans leurs travailleurs.euses maintenant!
Bien que le coût humain et économique du sous-financement des services publics soit évident pour nous tous.tes, les mesures d'austérité post-Covid et les déficits de financement des ALR risquent de s'aggraver, tandis que les acteurs privés lorgnent sur les services publics vitaux comme de nouvelles opportunités de profit. En 2021, les ALR du monde entier auraient perdu en moyenne entre 15 et 25% de leurs revenus. En Afrique, leurs pertes financières pourraient atteindre 60 %. Au Canada, où les ALR ne peuvent collecter des fonds que par le biais de l'impôt foncier et ne reçoivent du gouvernement fédéral qu'une part très limitée des impôts fédérales, l'impact de la crise des revenus due au Covid sur les services des ALR canadiens a été sévère: par exemple, les taux de licenciement dans les bibliothèques publiques municipales ont été proches de 90 %.
Les transports publics sont également confrontés à une crise de financement mondiale. La chute de la fréquentation due à la pandémie de Covid a exacerbé des manques d’investissements déjà considérables. il est nécessaire d'investir urgemment dans les transports publics et leur personnel pour permettre aux habitant.e.s des villes et des communautés rurales de se rendre au travail et d'accéder aux services publics, tout en accélérant la décarbonisation qui est un impératif pour le monde entier.
Même lorsque d'importants plans de relance nationaux sont adoptés, le personnel et le facteur humain dans les investissements dans les services publics est souvent négligé. En Italie, le plan de relance national Covid alloue 4,60 milliards d'euros au financement d’infrastructures pour les écoles maternelles et primaires - un service municipal auquel de nombreuses familles et territoires italiens n'ont pas un accès. Néanmoins, l'embauche des plus de 20 000 éducateurs.trices nécessaires pour les doter d'un personnel adéquat n'est pas budgétisée dans ce plan national et laissée à la charge des municipalités déjà à court d'argent.
Un financement public adéquat et des investissements à long terme dans les infrastructures des services publics locaux et leur personnel, dans les équipements et la formation, n'ont que trop tardé et doivent maintenant être considérés comme prioritaires. A l'occasion de la Journée mondiale des villes 2021, l'ISP appelle les Nations Unies, les gouvernements nationaux, les institutions financières internationales et les employeurs des services publics locaux à cesser de applaudir les "héros" et à prendre des mesures concrètes en investissant dans les services publics locaux, en devant garantir la SST, des conditions de travail décentes et une rémunération équitable à tous les travailleurs.euses des services publics locaux de suite, afin qu'ils.elles puissent rester en sécurité et confiants pour pourvoir continuer leur travail fournissant de services publics essentiels près de nous.