Le plan de pension public du Canada pourrait financer la privatisation de l'eau au Brésil

Plus de 266 millions de dollars provenant du fonds de pension public du Canada pourraient être utilisés pour privatiser l'eau et l'assainissement au Brésil. Si cela se produit, la pension publique des travailleurs/travailleuses canadiens sera financée directement par les Brésiliens qui souffrent déjà d'un accès faible et inégal à l'eau potable et aux installations sanitaires.

Le conseil d'investissement de fond de pensions du Canada (CPPIB) est en train d'acquérir, pour 266 millions de dollars, 45% des actions d'une entreprise brésilienne de l'eau et d'assainissement appelée Iguá Saneamento. Iguá est à la recherche de capitaux pour pouvoir participer au processus de privatisation et d'appel d'offres pour les services publics de l'eau dans l'État de Rio de Janeiro, prévu pour le 30 avril.

Au Brésil, la Fédération nationale des travailleurs/ travailleuses urbains (Federação Nacional dos Urbanitários - FNU), affiliée à l'ISP et soutenue par celle-ci, se bat pour que l'eau de tout le pays reste entre les mains du secteur public. Pour l'instant, cette lutte se concentre sur l'État de Rio de Janeiro.

Les expériences des affiliés de l'ISP dans le monde entier présentent le même schéma. La privatisation aggrave l'inégalité d'accès aux services essentiels à la vie, entraîne la détérioration des services et des infrastructures, l'introduction de nouveaux frais et l'augmentation des frais existants, et est directement responsable de l'augmentation des violations des droits fondamentaux des travailleurs. Le FNU a déjà signalé que 4000 des 5000 travailleurs/ travailleuses perdront immédiatement leur emploi si la compagnie d'eau publique de Rio de Janeiro, CEDAE, est privatisée.

L'organisation d'une résistance collective à cette privatisation est particulièrement urgente pour plusieurs raisons:

  1. Cet effort de privatisation est un résultat totalement illégitime du coup d'État politique de 2016 qui a évincé l'ancienne présidente Dilma Rousseff et dont les retombées ont directement conduit à l'élection de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil en 2018. Le gouvernement intérimaire installé après le coup d'État a organisé un programme national de renégociation de la dette des entités publiques. De manière totalement illégitime, la compagnie publique de l’eau de Rio (CEDAE) a été incluse dans ce programme, bien qu'elle maintienne un bénéfice de plus de 1,2 milliard de R$ par an. Pour cette raison, le FNU conteste cette inclusion devant le Tribunal fédéral (STF).

  2. Si elle est réalisée, la privatisation servira à soutenir le programme du gouvernement Bolsonaro et à renforcer sa position. Le contraire est également vrai : empêcher la privatisation affaiblirait ce gouvernement incroyablement destructeur. L'ISP est actuellement engagée dans des luttes similaires contre les privatisations opportunistes d'infrastructures publiques essentielles au milieu d'une pandémie mondiale.

  3. L'eau est un service essentiel absolument nécessaire à la survie. Ce fait est devenu encore plus évident lors de la pandémie de covid-19. Plus de 36 000 Brésiliens sont morts de cette maladie dans la seule ville de Rio de Janeiro. L'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement sont des indicateurs clés de ce qui peut arriver à une personne infectée par le coronavirus.

  4. Tout investissement dans les infrastructures brésiliennes est intrinsèquement risqué. Si le Parti des travailleurs (PT) de Luiz Inácio Lula da Silva revient au pouvoir lors des élections nationales de 2022, il est fort probable que les infrastructures vendues pendant le mandat de Bolsonaro reviennent sous contrôle public.

Veuillez nous contacter si vous souhaitez participer à cette lutte importante: psi.interamerica@world-psi.org.