Bolsonaro reconnu coupable de crimes contre l'humanité par le Tribunal permanent des Peuples

La condamnation concerne les conséquences des actions négationnistes de Bolsonaro dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 pour les personnes noires, les peuples indigènes et les professionnel.le.s de la santé.

Le Tribunal permanent des Peuples (TPP) a reconnu le président brésilien Jair Bolsonaro coupable de crimes contre l'humanité et de violation grave des droits humains pour ses actions durant la pandémie de Covid-19. Le procès qui a analysé les dommages causés à la population noire, aux populations autochtones et aux professionnel.le.s de la santé s'est tenu en mai de cette année et la sentence a été prononcée le 1er septembre.

L'Internationale des Services Publics (ISP) était représentée par la Secrétaire sous-régionale pour le Brésil, Denise Motta Dau, qui faisait partie des dirigeant.e.s syndicaux ayant participé aux actes de dénonciation, et par les organisations suivantes : Fédération nationale des infirmier.e.s (FNE), Confédération nationale des travailleurs.euses de la sécurité sociale (CNTSS) et Confédération nationale des travailleurs.euses de la santé (CNTS).

Lors de la lecture de la sentence, le juriste Eugenio Raúl Zaffaroni, juge de la 50ème session du TPP et ancien ministre de la Justice de l'Argentine, a déclaré qu'en considérant "les multiples éléments de preuve testimoniale et documentaire fournis", le TPP a jugé que les actions de Bolsonaro ont pu "causer par malveillance la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes par sa décision, prise en sa qualité de chef du pouvoir exécutif de l'État, de rejeter la politique d'isolement, de prévention et de vaccination face à la pandémie de Covid-19, constitue un crime contre l'humanité". La sentence recommande en outre que les dossiers et les accusations concernant les actions de Bolsonaro soient transmis à la Cour Pénale Internationale.

À l'ouverture de la séance, Raquel Dodge, ancienne procureure générale de la République, a salué les entités dénonciatrices, les parents des victimes du Covid et les enseignants qui ont contribué à la rédaction de la pétition et a déclaré que "la dénonciation faite par les entités nous aidera à défendre l'État de droit démocratique". La Commission Arns, la Coalition noire pour les droits et APIB : Articulation des peuples indigènes du Brésil ont également signé les dénonciations.

TraVAILLEURS.EUSES DE LA SANTÉ

Représentant l'ISP, Shirley Morales, Présidente de la Fédération nationale des infirmièr.es - FNE, a déclaré lors de l'acte de clôture, que le Tribunal se présente comme une forme de justice pour ceux qui ont perdu la vie en travaillant au service de la population. "Aujourd'hui, nous avons fait le premier pas car nous allons avoir beaucoup plus de condamnations. Notre pays qui était une référence du point de vue de la santé publique et du système de vaccination n'a pas pu fonctionner correctement à cause des actions de Bolsonaro. Les efforts des travailleurs.euses de la santé qui se sont tant battus pour défendre nos vies ne seront pas vains."

Tribunal Permanent des peuples 

Le Tribunal Permanent des Peuples n'a pas un caractère pénal, c'est un tribunal international d'opinion qui juge les crimes commis contre les peuples et les minorités, cependant les condamnations de Bolsonaro servent d'avertissement et ont des implications éthiques et sociologiques.

Fondé en 1979 en Italie, il s'inspire du Tribunal Russel, organisé par le philosophe britannique Bertrand Russel, lauréat du prix Nobel de littérature. Parmi les crimes sur lesquels enquête le Tribunal Russel figurent ceux des dictatures du Brésil, du Chili, de l'Uruguay et de la Bolivie, jugées entre 1974 et 1976. À l'époque, le verdict était que les autorités des quatre pays avaient commis des violations "graves, répétées et systématiques" des droits humains, ce qui constitue un crime contre l'humanité.

La dictature argentine a été l'une des premières affaires jugées après la création du TPP. Les violations des droits humains en ex-Yougoslavie, en Turquie (contre les Kurdes) et contre les populations immigrées et réfugiées dans différentes parties du monde ont également été jugées.