Michelle Bachelet exhorte l’ISP à œuvrer en faveur de l’adoption d’une résolution de l’OIT sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes sur le lieu de travail

9 Oct 2014 Universidad Arturo Prat, Santiago, Chile 9 Oct - 10 Oct

Michelle Bachelet exhorte l’ISP à œuvrer en faveur de l’adoption d’une résolution de l’OIT sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes sur le lieu de travail

  • 9 Oct - 10 Oct
  • Universidad Arturo Prat, Santiago, Chile

Nayareth Quevedo Millán

« Je tiens à vous féliciter, les femmes de l’ISP, pour votre lutte incessante contre la violence à l’égard des femmes. Nous vous appelons à collaborer avec les gouvernements et à unir vos forces à celles d’autres organisations actives dans le domaine, en vue d’appuyer l’adoption d’une résolution de l’OIT sur cette problématique », a déclaré la Présidente.

Ce discours a été prononcé à l’occasion de la « Rencontre internationale sur la violence fondée sur le genre sur le lieu de travail et dans le secteur public », qui s’est tenue les 9 et 10 octobre derniers à Santiago, au Chili. Cet événement a pu compter sur le soutien financier de l’Internationale des Services Publics (ISP), de l’Université Arturo Prat (UNAP), du syndicat irlandais IMPACT, de la fondation Friedrich Ebert, de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du ministère chilien du Travail.

Lors de la cérémonie d’ouverture, la Brésilienne Juneia Batista, Présidente du Comité mondial des femmes de l’ISP, a déclaré que, malgré les défis qui restent à relever, notre région a réalisé des progrès notables en matière de genre. Elle a ainsi souligné le travail de dirigeantes accompli par les Présidentes Michelle Bachelet et Dilma Rousseff.

Juneia Batista a expliqué que, pour l’ISP, la violence fondée sur le genre constitue une problématique syndicale, et ce, qu’elle survienne au travail, à la maison ou au sein de la communauté. Ce fléau engendre des inégalités et des lacunes en matière de développement, ce qui nuit au bien-être des générations actuelles comme futures.

Elle a ainsi appelé les Etats « à garantir un financement adéquat et à investir dans des services publics de qualité qui soient accessibles aux femmes, et notamment aux femmes victimes de violences ».

En revenant sur le rôle des syndicats à cet égard, elle a souligné l’importance pour les organisations « d’identifier et d’aborder les inégalités sous-jacentes et l’abus de pouvoir, vecteurs de discrimination et de violence. Il convient par ailleurs de susciter une mobilisation, d’organiser des actions de sensibilisation à la discrimination et à la violence, ainsi qu’à œuvrer en faveur de l’inclusion de mesures de prévention et de protection des victimes de violence domestique dans les conventions collectives ».

« Un fardeau toujours plus lourd à porter »

Accompagnée de Javiera Blanco, ministre du Travail, la chef d’Etat chilienne a ensuite pris la parole pour saluer la concrétisation de cette rencontre et la contribution de l’ISP à son organisation. Elle a déclaré que sa carrière, tant professionnelle que politique, avait toujours été liée au secteur public. L’élimination de la violence à l’égard des femmes dans les services publics figure dès lors au rang de priorité pour son gouvernement.

« La violence à l’égard des femmes sur le lieu de travail et dans le secteur public ne concerne pas uniquement les femmes qui en sont victimes ; elle nous concerne toutes et tous. Etre violent à l’égard d’une femme, c’est être violent à l’égard de la société tout entière », a-t-elle ajouté.

Elle a ensuite expliqué que, malgré les progrès réalisés et le nombre de postes importants occupés par des femmes, « leur fardeau demeure toujours plus lourd à porter que celui de leurs homologues masculins, qu’ils soient camarades de classe, collègues de travail ou membres de leur famille ».

« La violence n’a jamais été un problème de sexualité ; il s’agit d’un problème de pouvoir, mais également d’un problème de fond, car il nous faut bouleverser certains modèles culturels », a-t-elle expliqué.

« Au Chili, une femme sur trois déclare avoir été victime de violences perpétrées par un membre de sa famille, son conjoint ou ex-conjoint », a affirmé Michelle Bachelet. Elle a ajouté que le Chili enregistre « des statistiques affligeantes, avec 40 assassinats de femmes chaque année ; des "féminicides" qui sont aujourd’hui reconnus et dénommés comme tels. Il s’agit d’un problème social que nous ne devons pas aborder comme des cas isolés ».

Parmi les mesures mises en place dans le pays en vue de faire face à ce type de violence, Michelle Bachelet a souligné l’expansion des maisons de protection et d’accueil existantes, ainsi qu’une augmentation de 25 % du nombre de centres qui offrent des services et accompagnent les victimes de violences.

Eu égard à la situation professionnelle des femmes, Michelle Bachelet a expliqué qu’au Chili, à peine 48 % des femmes en âge de travailler ont un emploi, contre 72 % chez les hommes. En outre, l’écart salarial entre les genres atteint les 30 %.

La Présidente s’est par ailleurs engagée à améliorer la représentation des femmes au niveau politique : « l’une des propositions contenues dans la réforme du système électoral que notre gouvernement est en train de soumettre au Congrès suggère la mise en place d’un quota de 40 % de femmes au Parlement. Nous souhaitons ainsi mettre fin à leur marginalisation au sein du débat public et des sphères politiques », a-t-elle ajouté.

Harcèlement au travail

Le vendredi, les activités se sont poursuivies dès 9h00, avec un panel d’experts composé de représentant(e)s de l’OIT, du SERNAM, du Réseau contre la violence à l’égard des femmes (Red contra la Violencia hacia la Mujer), de la CEPAL et de ONU Femmes. Grâce à leur expérience en matière de genre, ils/elles ont analysé la situation de la violence et du harcèlement sur le lieu de travail.

Lors de cette journée, Dr Antonia Santos Pérez, professeur à l’Université Arturo Prat, a présenté le Guide sur la prévention du harcèlement au travail à l’attention des travailleurs/euses du secteur public, à travers le prisme du genre, réalisé en collaboration avec des représentant(e)s des syndicats chiliens du secteur public affiliés à l’ISP.

Au terme de cette rencontre, les participantes ont établi un plan d’action visant à réduire et à sanctionner le harcèlement au travail. Ce travail sera présenté lors de la 11e Conférence régionale interaméricaine et Réunions connexes (IAMRECON), qui se tiendra du 20 au 24 avril 2015 au Mexique. (Sur la base d’informations du bureau de presse de la présidence et du gouvernement du Chili)