Note de synthèse : Cinq demandes du personnel soignant pour le Traité sur la pandémie

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Note de synthèse : Cinq demandes du personnel soignant pour le Traité sur la pandémie

Note de synthèse : Cinq demandes du personnel soignant pour le Traité sur la pandémie

Le projet initial de Traité sur la pandémie ne reconnaît pas correctement le rôle essentiel du personnel soignant. À l'approche du deuxième cycle de négociations en avril, nous devons veiller à ce que les préoccupations du personnel soignant soient prises en compte dans le processus d'élaboration du Traité. Voici nos priorités à inclure dans le texte.

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Le projet initial du Traité sur la pandémie (connu sous le nom de Projet Zéro) que les États membres doivent négocier a été publié le 1er février 2023. Les délégations gouvernementales ont entamé des négociations à Genève du 27 février au 3 mars 2023, alors que l'Organe international de négociation (OIN) se réunit pour la quatrième fois (OIN4). Cette réunion sera suivie d'un autre cycle de négociations du 3 au 6 avril (OIN5).

Le Projet zéro ne reconnaît pas correctement le rôle essentiel du personnel soignant et l'impact de la pandémie sur les systèmes de soins. C'est inacceptable pour les millions de travailleurs.euses du secteur des soins qui ont risqué leur vie pour s'assurer que les personnes les plus vulnérables de notre société étaient bien soignées, et aucun applaudissement ne sera jamais à la hauteur pour garantir leur sécurité et leur dignité au travail. Les soins sont un droit humain fondamental. Des systèmes bien financés, complets et accessibles pour les personnes vulnérables sont essentiels pour une société équitable et juste.

Le Projet zéro ignore non seulement que des travailleurs.euses en sécurité sauvent des vies, mais aussi que la meilleure prévention des pandémies réside dans des systèmes de santé et de soins résilients, dont le travail décent pour tous les travailleurs.euses de la santé et des soins à la personne est la pierre angulaire. Le respect de l'agenda du travail décent pour tous les travailleurs.euses de la santé et des soins à la personne sur tous les lieux de travail est vital pour des services publics de qualité et des systèmes de soins solides.

Il est important que les syndicats attirent l'attention sur la voix des travailleurs.euses dès le début des négociations sur le Projet zéro et qu'ils maintiennent l'élan au fur et à mesure des négociations. Avant le deuxième cycle de négociations en avril, nous devons nous assurer que les préoccupations des travailleurs du secteur des soins sont représentées dans le processus du traité. En collaboration avec nos affiliés, nous ferons pression pour que les priorités suivantes soient incluses dans le texte du traité :

1. Accès au Travail décent

Dans le monde entier, les travailleurs.euses du secteur des soins à la personne n'ont pas accès à des conditions de travail décentes. Le personnel soignant, essentiellement féminin et souvent immigré, fait partie des travailleurs.euses les moins bien payés et les plus précaires de notre société. Lorsque le personnel soignant est sous-estimé, sous-payé et travaille dans des conditions précaires, il ne peut pas fournir des soins adéquats. Partout dans le monde, les travailleurs.euses du secteur des soins à la personne n'ont pas accès à la liberté d'association, à la négociation collective sectorielle, à la progression salariale et à l'aide à la carrière.

Le Traité doit garantir aux travailleurs.euses un salaire égal pour un travail de valeur égale, des possibilités de formation, l'équité et la non-discrimination dans les politiques de recrutement et de rétention. Que les droits à la liberté d'association et à la négociation collective soient respectés pour tous les travailleurs.euses des secteurs de la santé et des soins à la personne, que ce soit dans l'économie formelle ou informelle, ainsi que leur représentation dans le processus de prise de décision. Qu’il garantisse le financement d’une protection sociale universelle et sensible au genre, accessible à tous les travailleurs.euses, indépendamment de leur statut professionnel ou de leur statut de migrant, de leur origine raciale ou ethnique, de leur handicap, de leur genre ou de leur orientation sexuelle, et incluant les travailleurs.euses de l'économie informelle.

Le travail décent et les conditions d'emploi jouent un rôle clé dans la prévention et la préparation aux pandémies et intègrent la résilience dans les systèmes de soins. Garantir le plein accès aux droits du travail pour tous les travailleurs.euses du secteur des soins à la personne est un facteur essentiel pour prévenir les épidémies sur les lieux de travail lors de futures pandémies.

2. Santé et sécurité au travail

Le personnel soignant est confronté à une série de risques professionnels liés aux infections, à la manipulation à risques des patient.e.s, aux produits chimiques dangereux, aux radiations, à la chaleur et au bruit, aux risques psychosociaux, à la violence et au harcèlement, aux blessures et à l'insuffisance de l'approvisionnement en eau potable, des installations sanitaires et de l'hygiène. Dans le monde entier, le personnel soignant a été exposé à la pandémie sans avoir accès à un équipement de protection individuelle (EPI) de qualité. Nombre d'entre eux/elles ont été contraint.e.s de concevoir leur propre EPI, en utilisant des sacs poubelles ou d'autres matériaux non stériles. Trop souvent, nous avons entendu parler de travailleurs.euses qui se sont retrouvé.e.s avec des patient.e.s infecté.e.s ou potentiellement infecté.e.s, avec peu de conseils et de formation sur la façon de prévenir la propagation de l'infection.

L'absence de politiques solides en matière de santé au travail ou le manque d'application par les employeurs mettent les travailleurs.euses du secteur des soins à la personne en danger. Il est important que les lieux de travail soient des endroits agréables où la liberté et la dignité des résident.e.s sont respectées, et où la santé et la sécurité de chacun.e soient gérées de manière solide et efficace. En protégeant la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs.euses du secteur des soins à la personne, nous pouvons prévenir les maladies et les blessures causées par le travail, tout en améliorant la qualité et la sécurité des soins, les ressources humaines pour la santé et la durabilité environnementale dans le secteur de la santé. Le Traité sur les pandémies doit contenir une référence explicite au renforcement de la santé et de la sécurité au travail du personnel soignant, par exemple en prévoyant l'obligation de constituer des stocks minimaux d'EPI et/ou de soutenir la production locale, dans le pays, afin de créer des chaînes d'approvisionnement plus résilientes.

3. Des niveaux de dotation en personnel sûrs

Les services de santé et de soins à la personne connaissent une crise de personnel ; de nombreux systèmes de soins dans le monde ne disposent pas d'un personnel suffisant et les besoins en vaccins surpassent l'offre de personnel soignant. Les travailleurs.euses, las d'être exploité.e.s et mal payé.e.s, quittent le secteur en nombre record. Celles et ceux qui restent disposent de peu de temps et de ressources pour s'acquitter de leur charge de travail croissante. À mesure que les sociétés se développent et que les gens vivent plus longtemps, les besoins en matière de soins ne feront que croître ; les gouvernements du monde entier doivent veiller à ce que les travailleurs.euses du secteur des soins disposent des compétences, de la formation et du soutien nécessaires pour remplir leur rôle. En l'absence de niveaux d'effectifs obligatoires ou d'une évaluation régulière des besoins futurs en main-d'œuvre, les gouvernements ne sont pas en mesure de planifier ou de former le personnel nécessaire pour garantir la sécurité des services de soins, ce qui doit être clairement reflété dans le texte du Traité.

4. Protection contre la violence et le harcèlement

Comme nous l'avons vu dans le monde entier, conditions de travail des travailleurs.euses de la santé et des soins à la personne ont été mis en lumière à l’occasion de la crise sanitaire. La violence à l'encontre des travailleurs.euses de la santé et des soins a fortement augmenté pendant la pandémie de COVID-19 et cette tendance semble se poursuivre. Les agressions ont exacerbé le stress professionnel et les risques pour la santé physique et mentale des travailleurs.euses de la santé. Les évaluations internationales suggèrent que jusqu'à 38 % du personnel soignant subissent des violences physiques sur leur lieu de travail à un moment ou à un autre de leur carrière. Le Traité doit explicitement appeler les gouvernements à ratifier la Convention C190 et à adopter des politiques de lutte contre la violence et le harcèlement dans les établissements de soins, par exemple en empêchant le personnel de travailler seul, en réduisant au minimum les temps d'attente dans les services, en fournissant un soutien psychologique et en formant les travailleurs.euses du secteur des soins à la résolution des conflits.

5. Des systèmes de santé et de soins entièrement financés et bien intégrés

La pandémie a révélé les faiblesses des systèmes de soins. Dans de nombreux pays où les services de soins ont été privatisés, les résultats pour les patient.e.s et les travailleurs.euses ont été moins bons pendant la pandémie. La marchandisation des soins a fait passer l'extraction de profits avant nos besoins en matière de soins. Elle traite les patient.e.s vulnérables non pas comme des personnes, mais comme des centres de revenus et de profits. Elle traite les travailleurs.euses non pas comme des prestataires essentiels de soins de qualité, mais comme des coûts à minimiser en réduisant les salaires, la formation et les effectifs. Les soins privatisés sapent nos systèmes de santé publique et encouragent les mauvais résultats en matière de santé. Les problèmes de santé qui pourraient être évités en investissant dans des soins de qualité sont au contraire transférés vers le système de santé une fois qu'ils sont devenus aigus. Pire encore, les soins privatisés incitent à ne pas rendre de comptes et traitent les travailleurs.euses et leurs syndicats comme des forces opposées à la maximisation des profits.

La prise en charge des personnes vulnérables nécessite une approche holistique et bien financée. Des systèmes de soins de qualité doivent être intégrés dans nos systèmes de santé. Une intégration réussie de la planification, de la commande et de la fourniture de services coordonnés, intégrés et homogènes pour aider les personnes à vivre en bonne santé, de manière indépendante et dans la dignité, améliorant ainsi les résultats pour la population dans son ensemble. Chacun doit avoir accès à des soins de qualité et abordables lorsqu'il en a le plus besoin. Le Traité doit faire référence à la fourniture publique de soins de qualité à un prix abordable.

Participez à notre enquête !

Vous pouvez classer ces thèmes dans l'enquête ci-dessous pour nous dire lesquels devraient être prioritaires lors de notre engagement en faveur d'un traité sur les pandémies.

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